Les conteurs à la ronde by Charles Dickens


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Page 24

Par une affreuse nuit, juste apr�s le nouvel An, la terre �tait
d�j�, couverte d'une neige �paisse et profonde, et les flocons
tombaient encore assez vite pour aveugler ceux qui pouvaient �tre
dehors. Tout-�-coup on entendit un grand bruit, un violent tumulte
et la voix du vieux lord qui dominait tout, se r�pondait en
invectives et en mal�dictions. On entendit aussi les cris d'un
petit enfant, le hautain d�fi d'une femme irrit�e, le son d'un
coup sourd et suivi d'un silence de mort; puis des pleurs et des
g�missements qui finirent par s'�teindre sur la colline. Alors le
vieux lord appela tous ses serviteurs. Il leur dit avec de
terribles serments et des menaces plus terribles encore que sa
fille l'ayant d�shonor�, il l'avait chass�e de sa maison, elle et
son enfant, et que si quelqu'un d'entr'eux osait leur pr�ter
secours, leur donner de la nourriture ou un abri, il prierait Dieu
de l'exclure � jamais du paradis. Pendant tout ce temps-l�, miss
Grace se tenait � c�t� de son p�re p�le et immobile comme la
pierre, et quand il eut fini, elle poussa un grand soupir, comme
si elle se sentait soulag�e d'une grande crainte, et comme pour
dire que son oeuvre �tait faite, son but accompli. Le vieux lord
ne toucha plus � son orgue et mourut dans l'ann�e. Cela n'a rien
d'�tonnant, et sans doute le remords le tua, car le lendemain de
cette sombre, et cruelle, nuit, les bergers descendant les
_Fells_, trouv�rent miss Maude assise, avec le rire de la folie,
sous les houx et caressant un enfant mort, qui avait sur l'�paule
droite une horrible meurtrissure. Mais ce ne fut pas elle qui tua
l'enfant. D'apr�s ce que disait Doroth�e; ce furent le froid et la
gel�e. Toutes les b�tes sauvages �taient renferm�es dans leurs
trous et tous les animaux domestiques dans leurs �tables, �
l'heure o� la m�re et l'enfant furent chass�s du manoir et r�duits
� errer sur les _Fells_! Maintenant vous savez tout, ajouta
Doroth�e, et je serais bien �tonn�e si vous �tiez moins effray�e
que moi?�

J'�tais plus effray�e que jamais; mais je lui dis que je ne
l'�tais pas. J'aurais voulu nous voir � jamais dehors miss
Rosemonde et moi, de cette horrible maison. Cependant je ne
voulais pas quitter ma ch�re enfant et je n'osais l'emmener avec
moi. Oh! comme je la surveillais! Comme je faisais bonne garde
autour d'elle! Nous mettions tous les verrous des portes et nous
fermions les volets une heure au moins avant qu'il fit nuit, de
peur de les laisser ouverts cinq minutes trop tard. Mais ma petite
lady entendait toujours la fatale petite fille pleurant et
g�missant; et tout ce que nous pouvions faire ou dire ne
l'emp�chait pas de vouloir aller vers l'enfant fant�me pour le
mettre � l'abri de la neige et du vent. Durant tout ce temps, je
me tenais le plus �loign�e possible de miss Furnivall et de
mistress Stark, car elles me faisaient peur aussi. Il n'y avait
rien de bon � gagner pr�s d'elles avec leurs sombres et durs
visages, leurs yeux distraits et hagards regardant toujours dans
les ann�es sinistres du pass�. Malgr� mon effroi, j'avais une
sorte de piti� pour miss Furnivall. Les gens descendus dans la
fosse ne peuvent avoir un aspect plus d�sol� que celui qui �tait
toujours empreint sur son visage. � la fin je me sentis �mue de
tant de piti� pour cette vieille dame qui ne disait jamais un mot
sans qu'il lui f�t arrach�, que je priai Dieu pour elle. J'appris
� miss Rosemonde � prier aussi pour une personne qui avait fait un
p�ch� mortel; mais au moment o� ma ch�re petite arrivait � ces
mots, elle pr�tait souvent l'oreille et quittait sa position
agenouill�e pour me dire: �Hester, j'entends ma petite fille qui
pleure et se plaint si tristement! Oh! laisse-la entrer ou elle
mourra!�

Une nuit, justement apr�s l'arriv�e tant attendue du nouvel An, et
lorsque le pire d'un long hiver �tait pass�, je l'esp�rais du
moins, j'entendis la sonnette du salon occidental sonner trois
fois, ce qui �tait le signal particulier pour moi. Je ne voulais
pas laisser miss Rosemonde toute seule, quoiqu'elle f�t endormie,
car le vieux lord avait jou� avec plus de force que jamais et je
craignais que ma mignonne ne se r�veill�t pour entendre l'enfant
fant�me.

Quant � le voir, c'�tait impossible. J'avais trop bien ferm� les
fen�tres pour cela. Je la pris donc hors de son lit, l'enveloppai
dans les premiers v�tements qui me tomb�rent sous la main et je la
portai dans le salon o� je trouvai les deux vieilles dames
travaillant selon leur habitude, � leur tapisserie. Elles lev�rent
les yeux au moment o� j'entrai, et mistress Stark me demanda
d'un air fort �tonn�: �Pourquoi j'apportais miss Rosemonde qui
serait beaucoup mieux dans son lit bien chaud? Parce que... parce
que, commen�ai-je � murmurer, j'avais peur qu'elle ne c�d�t � la
tentation de sortir pendant mon absence, pour suivre l'enfant dans
la neige,�_ _mais miss Stark m'arr�ta court par un clin-d'oeil
significatif et me dit que miss Furnivall avait besoin de moi pour
d�faire un ouvrage qu'elle avait mal fait, et que ni l'une ni
l'autre ne savaient d�piquer, � cause de leurs mauvais yeux. Je
d�posai ma mignonne sur le sopha, et je m'assis pr�s des deux
vieilles sur un tabouret. Le vent, qui commen�ait � mugir, rendait
mon coeur plus dur pour elles, en songeant au mal dont elles
avaient �t� cause.

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Books | Photos | Paul Mutton | Tue 11th Nov 2025, 20:43