Les conteurs à la ronde by Charles Dickens


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Page 1

Je ne doute point, dit le parent pauvre, que par la confession que
je vais vous faire, je surprendrai les membres r�unis de notre
famille, et particuli�rement John, notre estimable h�te, � qui
nous avons une si grande obligation pour l'hospitalit� magnifique
avec laquelle il nous a trait�s aujourd'hui. Mais si vous me
faites l'honneur d'�tre surpris de n'importe ce qui vient d'un
membre de la famille aussi insignifiant que moi, tout ce que je
peux vous dire, c'est que je serai d'une scrupuleuse exactitude
dans tout ce que je vous raconterai.

Je ne suis, point ce qu'on me suppose �tre. Je suis tout autre.
Peut-�tre avant d'aller plus loin, serait-ce mieux d'indiquer
d'abord ce que l'on suppose que je suis.

On suppose, ou je me trompe fort, -- les membres r�unis de notre
famille me rel�veront si je commets une erreur, ce qui est bien
probable (ici, le parent pauvre promena autour de lui un regard
plein de douceur pour encourager la contradiction), -- on suppose
que je ne suis l'ennemi de personne que de moi-m�me et que je n'ai
jamais r�ussi en rien. Si j'ai fait de mauvaises affaires, c'est,
dit-on, parce que j'�tais impropre aux affaires et trop cr�dule
pour p�n�trer les desseins int�ress�s de mon associ�; -- si
j'�chouai dans mes projets de mariage, c'est parce que, dans ma
confiance ridicule, je regardais comme impossible que Christiana
consent�t � me tromper; -- si mon oncle Chill, dont j'attendais
une belle fortune, me donna mon cong�, c'est parce qu'il ne me
trouva pas l'intelligence commerciale dont il m'aurait voulu voir
dou�. Enfin, je passe pour avoir �t� toute ma vie continuellement
dupe et d�sappoint�, � quoi on ajoute que je suis � pr�sent un
vieux gar�on �g� de cinquante-neuf ans et bien pr�s de soixante,
qui vit d'un revenu limit� sous la forme de pension pay�e par
quartier, -- chose � laquelle je vois que notre estimable h�te
John ne veut pas que je fasse davantage allusion. Voil� pour le
pass�. Voici ce qu'on suppose encore de mes habitudes et de mon
genre de vie actuel:

J'occupe un logement garni � Clapham-Road, -- petite chambre tr�s
propre, sur le derri�re, dans une maison respectable, -- o� on ne
s'attend pas � me trouver pendant la journ�e, � moins que je ne
sois indispos�, car je sors tous les matins � neuf heures, sous
pr�texte d'aller � mes affaires. Je prends mon d�jeuner, une tasse
de caf� au lait avec un petit pain et du beurre, -- � l'antique
caf� situ� pr�s du pont de Westminster; je vais ensuite dans la
Cit�, -- je ne sais trop pourquoi; -- je m'assois au caf� de
Garraway, puis sur les bancs de la Bourse; et de l�, poursuivant
ma promenade, j'entre dans quelques bureaux et quelques comptoirs,
o� quelques parents et quelques vieilles connaissances ont la
bont� de me tol�rer, et o� je me tiens debout contre la chemin�e
si la saison est froide. Je remplis ainsi ma journ�e jusqu'� cinq
heures: je d�ne alors, d�pensant pour le repas, la moyenne d'un
shelling trois pences. Ayant toujours quelque argent de poche pour
mes soir�es, je m'arr�te, avant de rentrer chez moi, � l'antique
caf� du pont de Westminster o� je prends ma tasse de th� et peut-
�tre ma tartine de pain r�ti. Enfin, quand l'aiguille de l'horloge
se rapproche de minuit, je me dirige vers Clapham-Road et, � peine
rentr� dans ma chambre, je me mets au lit, -- le feu �tant chose
co�teuse et mes propri�taires ne se souciant pas que j'en fasse
parce qu'il faudrait qu'on e�t la peine de me l'allumer et que
cela salit une chambre.

Quelquefois, un de mes parents ou une de mes connaissances
m'invite � d�ner. Ces invitations sont mes jours de f�te, et ces
jours-l�, je vais g�n�ralement me promener dans Hyde-Park. Je suis
un homme solitaire, et il est rare que je me prom�ne avec un
compagnon; non pas qu'on m'�vite parce que je suis mal v�tu, --
car j'ai toujours une mise d�cente, toujours v�tu de noir (ou
plut�t de cette nuance connue sous le nom de drap d'Oxford qui
fait l'effet d'�tre noir et qui est de meilleur usage); mais j'ai
contract� l'habitude de parler bas, je garde volontiers le
silence, et n'�tant pas d'un caract�re tr�s gai, je sens que je ne
suis pas d'une soci�t� tr�s s�duisante.

La seule exception � cette r�gle g�n�rale est l'enfant de mon
cousin germain, le petit Frank. J'ai une affection particuli�re
pour cet enfant et il est tr�s bon pour moi. C'est un enfant
naturellement timide, qui s'efface bient�t dans une r�union
nombreuse et y est oubli�. Lui et moi cependant nous sommes
parfaitement ensemble. Je crois deviner que, dans l'avenir, le
pauvre enfant succ�dera � ma position dans la famille. Nous
causons peu, et cependant nous nous comprenons. Nous faisons notre
promenade en nous tenant par la main et sans beaucoup parler; il
sait ce que je veux dire comme je sais ce qu'il veut dire.
Lorsqu'il �tait plus petit enfant, je le conduisais aux �talages
des boutiques et lui montrais les joujoux. C'est extraordinaire
comme il eut bient�t devin� que je lui aurais fait beaucoup de
cadeaux, si j'avais �t� dans une situation de fortune � pouvoir
les lui faire.

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Books | Photos | Paul Mutton | Fri 27th Dec 2024, 14:07