Cantique de Noël by Charles Dickens


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Page 1

La mention des fun�railles de Marley me ram�ne � mon point de
d�part. Il n'y a pas de doute que Marley �tait mort: ceci doit
�tre parfaitement compris, autrement l'histoire que je vais
raconter ne pourrait rien avoir de merveilleux. Si nous n'�tions
bien convaincus que le p�re d'Hamlet est mort, avant que la pi�ce
commence, il n'y aurait rien de plus remarquable � le voir r�der
la nuit, par un vent d'est, sur les remparts de sa ville, qu'�
voir tout autre monsieur d'un �ge m�r se promener mal � propos au
milieu des t�n�bres, dans un lieu rafra�chi par la brise, comme
serait, par exemple, le cimeti�re de Saint-Paul, simplement pour
frapper d'�tonnement l'esprit faible de son fils.

Scrooge n'effa�a jamais le nom du vieux Marley. Il �tait encore
inscrit, plusieurs ann�es apr�s, au-dessus de la porte du magasin:
_Scrooge et Marley_. La maison de commerce �tait connue sous la
raison Scrooge et Marley. Quelquefois des gens peu au courant des
affaires l'appelaient Scrooge-Scrooge, quelquefois Marley tout
court; mais il r�pondait �galement � l'un et � l'autre nom; pour
lui c'�tait tout un.

Oh! il tenait bien le poing ferm� sur la meule, le bonhomme
Scrooge! Le vieux p�cheur �tait un avare qui savait saisir
fortement, arracher, tordre, pressurer, gratter, ne point l�cher
surtout! Dur et tranchant comme une pierre � fusil dont jamais
l'acier n'a fait jaillir une �tincelle g�n�reuse, secret, renferm�
en lui-m�me et solitaire comme une hu�tre. Le froid qui �tait au
dedans de lui gelait son vieux visage, pin�ait son nez pointu,
ridait sa joue, rendait sa d�marche roide et ses yeux rouges,
bleuissait ses l�vres minces et se manifestait au dehors par le
son aigre de sa voix. Une gel�e blanche recouvrait constamment sa
t�te, ses sourcils et son menton fin et nerveux. Il portait
toujours et partout avec lui sa temp�rature au-dessous de z�ro; il
gla�ait son bureau aux jours caniculaires et ne le d�gelait pas
d'un degr� � No�l.

La chaleur et le froid ext�rieurs avaient peu d'influence sur
Scrooge. Les ardeurs de l'�t� ne pouvaient le r�chauffer, et
l'hiver le plus rigoureux ne parvenait pas � le refroidir. Aucun
souffle de vent n'�tait plus �pre que lui. Jamais neige en tombant
n'alla plus droit � son but, jamais pluie battante ne fut plus
inexorable. Le mauvais temps ne savait par o� trouver prise sur
lui; les plus fortes averses, la neige, la gr�le, les giboul�es ne
pouvaient se vanter d'avoir sur lui qu'un avantage: elles
tombaient souvent �_avec profusion_�. Scrooge ne connut jamais ce
mot.

Personne ne l'arr�ta jamais dans la rue pour lui dire d'un air
satisfait: �Mon cher Scrooge, comment vous portez-vous? quand
viendrez-vous me voir?� Aucun mendiant n'implorait de lui le plus
l�ger secours, aucun enfant ne lui demandait l'heure. On ne vit
jamais personne, soit homme, soit femme, prier Scrooge, une seule
fois dans toute sa vie, de lui indiquer le chemin de tel ou tel
endroit. Les chiens d'aveugles eux-m�mes semblaient le conna�tre,
et, quand ils le voyaient venir, ils entra�naient leurs ma�tres
sous les portes coch�res et dans les ruelles, puis remuaient la
queue comme pour dire: �Mon pauvre ma�tre aveugle, mieux vaut pas
d'oeil du tout qu'un mauvais oeil!�

Mais qu'importait � Scrooge? C'�tait l� pr�cis�ment ce qu'il
voulait. Se faire un chemin solitaire le long des grands chemins
de la vie fr�quent�s par la foule, en avertissant les passants par
un �criteau qu'ils eussent � se tenir � distance, c'�tait pour
Scrooge du vrai _nanan_, comme disent les petits gourmands.

Un jour, le meilleur de tous les bons jours de l'ann�e, la veille
de No�l, le vieux Scrooge �tait assis, fort occup�, dans son
comptoir. Il faisait un froid vif et per�ant, le temps �tait
brumeux; Scrooge pouvait entendre les gens aller et venir dehors,
dans la ruelle, soufflant dans leurs doigts, respirant avec bruit,
se frappant la poitrine avec les mains et tapant des pieds sur le
trottoir pour les r�chauffer. Trois heures seulement venaient de
sonner aux horloges de la Cit�, et cependant il �tait d�j� presque
nuit. Il n'avait pas fait clair de tout le jour, et les lumi�res
qui paraissaient derri�re les fen�tres des comptoirs voisins
ressemblaient � des taches de graisse rouge�tres qui s'�talaient
sur le fond noir�tre d'un air �pais et en quelque sorte palpable.
Le brouillard p�n�trait dans l'int�rieur des maisons par toutes
les fentes et les trous de serrure; au dehors il �tait si dense,
que, quoique la rue f�t des plus �troites, les maisons en face ne
paraissaient plus que comme des fant�mes. � voir les nuages
sombres s'abaisser de plus en plus et r�pandre sur tous les objets
une obscurit� profonde, on aurait pu croire que la nature �tait
venue s'�tablir tout pr�s de l� pour y exploiter une brasserie
mont�e sur une vaste �chelle.

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Books | Photos | Paul Mutton | Wed 5th Feb 2025, 5:51