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Page 3
Le boulevard conduit hors de la ville, jusqu'� la gare. Apr�s, il
devient grand'route et suit, � peu pr�s parall�lement, la direction de
la voie ferr�e. Les trains franchissent assez vite la r�gion des
Hauts-Fourneaux.... On passe entre des ruches humaines (briques br�l�es,
tuiles rouges, ciments).... Le colonel a repris son somme dans le coin
de droite....
--L�, mon commandant, l�, dit Philippe: les enfants qui grouillent �
terre.... on dirait un essaim de mouches sur une ordure.
--Oh! Philippe, pourquoi parler ainsi des enfants?
--Le linge que lessive cette vieille hideuse dans le baquet... ah!
ah!... il se d�chire.... Quelle mine d�sol�e!... En v�rit�, ce linge
s'est d�chir� jusque dans mon coeur.
--Pourquoi donc parler ainsi?
--Rirez-vous cependant de cette m�re si occup�e.... A la fois, elle
allaite du sein, mouche d'une main, gifle de l'autre, gronde de la
bouche, berce du pied et rit de l'oeil au facteur qui passe.... Ces
fillettes qui pleurnichent en �pluchant des l�gumes, en tirant l'eau du
puits; rirez-vous de leur laideur!... Et les adolescentes qui se nouent
des rubans sales dans leurs maigres cheveux....
--Philippe, pourquoi lorgnez-vous le monde avec un verre noir?
--On ne voit pas de vieillards, mon commandant, dans cette cit� de
pauvres....
--Non... c'est vrai... on n'en voit pas....
--Mais il y a partout de petits cimeti�res carr�s.... Un, deux,
trois....
--On ne voit pas non plus les adultes.... Philippe.
--Ils demeurent apparemment tous dans la flamme f�erique qui ronfle
parmi les cris du m�tal, sous les d�mes des usines....
--Les estaminets aussi paraissent pleins de feux de pipes....
--La douleur s'endort dans l'abrutissement....
--Elle vous a tout dit aussi � vous, Philippe, Philom�ne vous a tout
dit... et voil� que vous refl�tez son �me presque autant que la refl�te sa
petite soeur Francine....
Le cornette se d�tourne. Il regarde au carreau du wagon. Le plateau
devient une bande bossu�e de roches. Des foug�res g�antes y croissent.
Peu � peu, le sol verdit. Les arbustes se pressent. Des treillis de fer
gardent les faisans dans les chasses. Tout le long, afin de les emp�cher
de sortir, des gamins sifflent. L'air un peu vif a rendu violets leurs
visages creux. Un garde les surveille.
La for�t va na�tre. Elle court d�j� sur les collines de l'horizon.
Cependant, les cris du m�tal poursuivent la fuite du train.
Quand ils cessent, on a franchi bien des lieues bord�es de bouleaux et
de fr�nes, entrevu bien des clairi�res o� s'attardent les hordes de
daims.
Et, brusquement, le train d�bouche des branches. La for�t finit net.
L'express glisse sur la cr�te d'un roc qui plonge � pic dans une vall�e
profonde, pleine de villages blanchissant la lisi�re des futaies. De
tr�s pr�s � tr�s loin, se courbe un fleuve dont les eaux frisottent
entre les arches fr�quentes de ses ponts.
Et le roc forme l'�peron du grand plateau r�tr�ci, devenu la pointe
d�fensive de la patrie sur le fleuve fronti�re. D'ailleurs, les
mamelons couvrent les travaux strat�giques du Fort. Des coupoles d'acier
s'�rigent de la roche. La brique bouche les cavernes. D'arbre en arbre,
des fils �lectriques courent. Par des poternes, les soldats �mergent des
souterrains. Les ravins sont des cours de caserne o� les artilleurs se
chamaillent avec des lazzis qui montent d'�chos en �chos.
Au bout du roc, il y a un jardin devant une maison blanche, un jet d'eau
iris� au-dessus d'une vasque, les filles du colonel-gouverneur par�es de
robes � pois et qui comptent les primev�res n�es du matin dans la
pelouse.
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