Le conte futur by Paul Adam


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Page 2

--Avez-vous connu sa m�re?

--Non, mon commandant, je n'ai pas connu sa m�re. Elle est morte si
jeune!

--... Philom�ne lui ressemble d'�me. Sa m�re contemplait toujours son
id�e de Dieu; elle contemple aussi la douleur du monde....

--Le Christ, le m�me Christ sous ses deux formes....

--Des mystiques!... Tenez, voici le plateau qui s'�tale par dessus le
pays.... La terre est rouge de mati�res ferrugineuses....

--Ah! ah!... Le fer ne fait-il pas couler le sang, tout rouge....

--N'emp�che! La terre est si rouge que les gens, � force d'y peiner, en
ont pris la couleur....

--Oh! je comprends.... Elle vous l'a dit aussi, cette chose; qu'ici les
petits enfants portent d�j� sur leur corps rouge le blason du m�tal
dispensateur de leur existence.

--Philippe, pourquoi cette amertume dans votre voix?

--Pour rien, commandant... pour rien.... Nous arrivons � la contr�e des
Hauts-Fourneaux, et des corons pleins de peuple, et des donjons
flamboyants.

--Regardez; cela forme un grand cercle �tendu selon un p�rim�tre fixe.

--Sous les canons de la cit� octogone dont voici, � ras de terre, les
remparts.

--Il faut de la prudence, Philippe, avec ce peuple de pauvres; car il
lui arrive de s'exasp�rer.

--Descendons-nous? Nous nous prom�nerons devant les petites maisons si
closes, o� habitent les familles des magistrats, des percepteurs, des
fonctionnaires... que sais-je?...

--R�veillez-vous, colonel.... Quarante minutes d'arr�t pour la
douane.... Nous allons nous d�gourdir les jambes....

--H� quoi! fit le colonel.... Sommes-nous � la fronti�re?

--Peu s'en faut... vous le savez bien: voici la derni�re station avant
le Fort.

--Diable.... Tenez: � gauche, la maison en briques rouges... o� l'on
aper�oit des primev�res dans le petit parterre, hein?... C'est la
demeure du bourreau....

--Ah! ah!... la demeure du bourreau.... Il y a beaucoup d'assassins
parce qu'on mange peu.

--Et puis le peuple manque de distractions....

�Au fait, pense Philippe, si rien n'alt�re les traits de ma face, ni ne
d�c�le ma douleur � leurs yeux, c'est que je m'exag�re ma souffrance....
Il faut croire que le malheur ne m'accable pas.... Pourtant il y a
comme des cailloux sur ma poitrine quand elle se soul�ve pour le jeu de
respirer...�

Ils vont donc en promenade.

Au pinacle de la cath�drale rococo, le symbole divin du supplice, la
croix de fer, impose son signe sur des rues �troites et dures o� circule
la vie de la cit�. Elles m�nent du beffroi roidi dans ses dentelles de
pierre aux casernes et aux lupanars, � un th��tre d'architecture
attique, � un palais de justice Louis XV, � un h�pital de style Empire,
� une prison tr�s vaste et tr�s simple, orn�e seulement de quelques
capucines entretenues, sur une crois�e, par la femme du concierge. Ils
rencontrent encore vers la citadelle, des manutentions et des magasins
de guerre, des petits soldats imberbes qui, sous leurs longues capotes
sangl�es, ressemblent � des servantes en cotillons, et des officiers
�peronn�s, moustachus, ronds comme des oeufs, ou bien, fins comme des
�pis, avec de courtes cravaches � l'aisselle.

Large, bien balay�, �clair� de globes �lectriques, le boulevard traverse
la ville entre des bazars somptueux, qui alternent avec des palais pour
Compagnies d'assurances, Soci�t�s m�tallurgiques, banques de cr�dit. Il
s'y prom�ne des messieurs �videmment orgueilleux de leurs soucis et des
femmes promptes � aimer pour l'avantage de leur bourse ou de leur coeur.
Il y court des gaillards charg�s de ballots et l�g�rement ivres. Les
�toffes des robes se drapent en harmonie dans les voitures.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 27th Apr 2025, 0:59