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Page 33
TIMANDRA ET PHRYNIA.--Fort bien: encore de l'or.--Eh bien! sois persuad�
que nous ferons tout pour de l'or.
TIMON.--Semez la consomption jusque dans la moelle des os des hommes;
frappez leurs jambes d�charn�es, d�truisez la rapidit� de leur marche;
�touffez la voix de l'avocat, qu'il ne puisse plus plaider pour de faux
titres, et ne fasse plus entendre son aigre fausset pour soutenir des
subtilit�s. Couvrez de l�pre le flamine qui d�clame contre la chair, et
qui ne se croit pas lui-m�me. Faites tomber le nez par terre pour qu'il
se le casse l'homme qui ne cherche qu'� �venter son avantage particulier
au milieu de l'int�r�t g�n�ral. Rendez chauves les d�bauch�s � la t�te
fris�e; et que les fanfarons sans cicatrices de la guerre puisent dans
votre sein quelque souffrance! Frappez tous les hommes du m�me fl�au.
Que votre activit� corrompe et dess�che les sources de toute vigueur.
Voil� encore de l'or; allez, damnez les autres, et que cet or vous damne
� votre tour, et que les foss�s vous servent � tous de tombeau!
TIMANDRA ET PHRYNIA.--Encore des avis et encore de l'argent, g�n�reux
Timon.
TIMON.--Encore plus de prostitu�es et plus de maux d'abord. Commencez
votre t�che; je vous ai donn� des arrhes.
ALCIBIADE.--Tambours! battez. Marchons vers Ath�nes.--Adieu, Timon; si
je prosp�re, je reviendrai te revoir.
TIMON.--Et moi, si mon espoir est accompli, je ne te reverrai jamais.
ALCIBIADE.--Je ne t'ai jamais fait de mal.
TIMON.--Tu as dit du bien de moi.
ALCIBIADE.--Appelles-tu cela du mal?
TIMON.--Oui, les hommes l'�prouvent tous les jours.--Sors d'ici, pars,
et emm�ne tes chiennes avec toi.
ALCIBIADE.--Nous ne faisons ici que l'offenser.--Partons.
(Le tambour bat; sortent Alcibiade, Phrynia, et Timandra.)
TIMON.--Se peut-il que la nature, bless�e de l'ingratitude de l'homme,
puisse encore avoir faim!--O m�re commune, toi dont le sein immense et
f�cond enfante et nourrit tout (_il creuse la terre_); toi, qui de la
m�me substance dont ton orgueilleux enfant, l'homme superbe est gonfl�,
engendre le noir crapaud, la vip�re azur�e, le l�zard dor�, le serpent
aveugle[20], et mille autres cr�atures abhorr�es sous la vo�te du ciel,
o� brillent les feux vivifiants d'Hyp�rion[21], donne � celui qui hait
tous tes enfants de l'humanit� une pauvre racine!--D�truis la f�condit�
de tes entrailles, qu'elles ne produisent plus l'homme ingrat; ne sois
plus enceinte que de tigres, de loups, de dragons et d'ours, produis
d'autres monstres nouveaux que ta face ext�rieure n'ait point encore
montr�s � la vo�te bigarr�e qui te couvre.--Oh! une racine!--Je te
remercie.--Dess�che tes veines, tes vignobles, et tes gu�rets d�chir�s
par la charrue, dont l'homme ingrat tire ces liqueurs et ces mets
onctueux qui souillent la puret� de l'�me, et la privent de sa raison.
(_Entre Ap�mantus_.) Encore un homme! mal�diction! mal�diction!
[Note 20: L'aveugle, esp�ce de serpent ainsi nomm� � cause de la
petitesse de ses yeux: c'est le _c�cilia_ des Latins.]
[Note 21: Hyp�rion, le soleil.]
AP�MANTUS.--On m'a montr� ce chemin. On dit que tu affectes mes moeurs,
que tu les copies.
TIMON.--C'est parce que tu n'as point de chien que je puisse imiter. Que
la peste te consume!
AP�MANTUS.--Tout cela n'est en toi qu'affectation; ce n'est qu'une
m�lancolie indigne de l'homme, et qui est n�e du changement de ta
fortune. Que signifient cette b�che, cet endroit, ce v�tement d'esclave,
et ces regards inquiets? Et cependant tes flatteurs portent la soie,
boivent le vin et dorment sur le duvet, serrent contre eux leurs parfums
pernicieux, et ils ont oubli� qu'il exista jamais un Timon. Ne d�shonore
point ces bois en adoptant la malice d'un censeur. Fais-toi flatteur �
ton tour; cherche � relever ta fortune par ce qui t'a ruin�; apprends �
courber les genoux; qu'il suffise du souffle du riche qui recevra ton
hommage, pour faire voler ton bonnet; loue ses plus grands vices et
�rige-les en vertus. C'est ainsi qu'on te traitait; ton oreille �tait
toujours ouverte comme celle d'un cabaretier qui fait un accueil
gracieux aux fripons et � tous ceux qui l'approchent; il est juste que
tu deviennes un fripon toi-m�me. Si tu avais encore des richesses, elles
appartiendraient aux fripons. Ne cherche point � me ressembler.
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