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Page 64
Les si�cles �coul�s avaient probablement vu les arri�re-a�eules de
ces immolatrices s'acharner ainsi sur des naufrag�s, danser autour
d'un b�cher d'�paves; et, aux temps fabuleux, saint Olfgar avait
d� voir semblables rictus de cannibales faire la nique � son
agonie.
Landrillon, irr�missiblement compromis, ne gardait plus aucun
m�nagement et, volant de l'un � l'autre, racontait � sa fa�on les
myst�res de l'Escal-Vigor, d�voilait � qui voulait l'entendre les
stupres de Guidon et de son protecteur, mettant de cette fa�on la
religion et les bonnes moeurs dans son jeu: le sc�l�rat obsc�ne
devenait un justicier, le crime un acte de salubrit� et de
vindicte publique.
Il avait suffi au mis�rable de prononcer un seul mot d'accusation
pour que toute l'�le f�t comme ivre et ne se conn�t plus.
Pas un qui n'e�t donn� de son pied dans les reins du coupable.
Quelques-uns s'en tenaient les c�tes. D'autres trouvaient qu'il
n'en avait pas encore assez.
-- Quand vous l'aurez achev�, disait Landrillon aux femelles, nous
le jetterons � la mer.
-- Oui, � la mer, l'inf�me!
Et ils allaient le transporter vers la gr�ve, � travers la foire,
quand une diversion s'op�ra.
V
Depuis le d�part de son ami, le comte de Kehlmark n'avait plus eu
de repos. Il ne tenait plus en place. Son agitation augmentait �
mesure que la kermesse lointaine approchait de son plus haut
p�riode de fr�n�sie. Il suffoquait comme dans l'attente d'un orage
lent � �clater.
-- Quelle tourmente de plaisir! disait-il � Blandine, qui
s'effor�ait, maternelle et balsamique, de le distraire de son
accablement. Jamais ils n'ont men� pareil sabbat! � entendre ces
clameurs, on dirait qu'ils s'amusent � s'entr'�gorger!
Les autres ann�es, la cacophonie, le hourvari forain, p�tarades,
sifflets, orgues et pistons, ne lui parvenaient point en rafales
tellement significatives. Aujourd'hui aussi, cette atmosph�re
�lectrique se compliquait de bouff�es de sueur, d'ivresse, de
ripailles et de rut. Cette apr�s-midi de saturnale abhorr�e ne
finirait donc jamais!
Ce fut bien pis quand se coucha le soleil et que l'hallali
�rotique des trompettes se fut r�percut� d'un cap � l'autre de
Smaragdis, ajoutant comme un brouillard cuivreux aux affres rouges
du ciel agonisant. Et des voix humaines plus stridentes, plus
paroxystes encore, reprirent le signal furieux des fanfares et
l'aggrav�rent au risque d'incendier les t�n�bres...
Kehlmark n'y tint plus. Profitant d'un moment o� Blandine vaquait
aux pr�paratifs du souper, il se jeta dans le parc. Tout � coup
une note aigu� et d�chirante, un cri plus lancinant encore que les
appels du bugle de Guidon, sous l'ormaie, le soir de leur premi�re
confrontation, domina le fracas m�tallique.
Kehlmark surprit la voix de son ami.
-- C'est lui qu'on massacre!
Projet� en avant par cette �pouvantable certitude, il courut
�perdu dans la nuit, s'orientant sur les clameurs et les
lamentations.
Comme il touchait � la lisi�re du parc, pr�t � d�boucher dans
l'avenue m�me o� se perp�tuait l'attentat, il y eut une
recrudescence de hu�es, de vocif�rations, et il entendit le nom du
bien-aim� m�l� � ce toll� homicide.
L'instant d'apr�s, il se ruait dans la cohue, les forces
d�cupl�es, bousculant les sinistres badauds, dispersant, assommant
les cannibales.
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