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Page 61
Henry s'effor�a de le retenir, de le dissuader de cette sortie.
Mais il semblait au jeune Govaertz qu'on l'appel�t imp�rieusement
l�-bas, au village. Des emb�ches occultes, des fluides mal�fiques
les entouraient.
-- Non, laisse-moi, finit-il par dire � Kehlmark, � deux nous
augmenterons encore notre fi�vre et l'horripilation inh�rente,
faut-il croire, � cet anniversaire. Nous finirions par nous
quereller ou du moins par ne plus si bien nous entendre. Jamais je
ne me suis senti si irritable et si navr�. On dirait d'un
urticaire moral. Ces miasmes de folie bestiale saturent jusqu'�
notre retraite. Mieux vaut encore les affronter � l'air du large.
Puis, comme nous partons demain, ce sera ma derni�re promenade
dans Smaragdis, mes adieux � l'�le natale o� je souffris tant,
mais pour aimer, jouir encore davantage, me reconna�tre en toi...
Kehlmark tenta donc vainement de le d�tourner de cette fl�nerie.
Guidon semblait aimant� par une force occulte qui l'appelait
imp�rieusement au dehors.
Sans m�fiance, le fils Govaertz s'�tait attard� sur le champ de
foire, � badauder avec d'anciens camarades. L'id�e qu'il allait
les quitter pour toujours leur pr�tait un nouvel attrait. Il s'en
fut tirer � l'arc, � la perche et au berceau, jouer aux quilles et
au palet; courut lutter nu jusqu'� la ceinture avec ceux de
Klaarvatsch, s'amusant � ces �treintes courtoises et m�me
cordiales, � ces ti�des corps � corps; il fut �tomb� quelquefois,
il en tomba d'autres, souriant de sa force, de sa gr�ce souple,
oubliant en ce moment les joies profondes de l'esprit et de l'art.
Guidon ne songeait m�me pas � cette circonstance, capitale en
cette journ�e, qu'il venait d'atteindre sa majorit�, qu'il avait
l'�ge d'une liaison obligatoire avec une fillette du pays. L'usage
et la loi de Smaragdis ne lui �taient plus pr�sents � l'esprit. Sa
r�verie voguait d�j� vers l'au-del�.
IV
La f�te gonflait, se tendait et s'effr�nait...
Le soir tomba, un soir de septembre. Des baraques dispos�es sur
l'estran montait une odeur de moules cuites m�l�e au parfum du
varech et du frai accroch�s aux brise-lames. Les chandelles
s'allumaient sur les tr�teaux et aux �ventaires. Il r�gnait une
cacophonie de tambours, de cymbales, de _rommelpots_, de pitreries
�raill�es; les guinguettes r�sonnaient d'accord�onies hoquetantes
bafou�es d'�clats de fifre; les spectacles du soir commen�aient
dans les loges de dompteurs, et de fauves rugissements faisaient
�cho � la plainte des vagues et concertaient avec on ne sait
quelle houle humaine, quelle tr�pidation charnelle, quelle
tourmente de stupre dans les campagnes.
Jamais la mer n'avait �t� si phosphorescente. Des feux Saint-Elme
s'accrochaient, sous un ciel d'encre, aux m�ts des yachts et des
barques pavois�s.
Un moment, au baisser du jour, l'Escal-Vigor fut aper�u violemment
�clair� comme une architecture d'�meraude, puis un voile de sang
s'appliqua, sur la fa�ade tourn�e du c�t� de l'Oc�an.
Des remous d'hommes, d'une part, de femmes de l'autre, se
rencontraient � l'�cart des villages. Elles hurlaient leur envie,
ils gesticulaient leur d�sir...
Guidon avait enfin pris cong� de ses camarades, ceux du bourg
mis�reux de Klaarvatsch. Bouscul�, il pressait le pas pour sortir
de la m�l�e foraine qui commen�ait � l'obs�der, et regagner
l'Escal-Vigor. L'id�e de son ami lui revint pleine de doux
reproche, de conjuration et de nostalgie.
Au passage, des regards intimid�rent le transfuge. On se le
d�signait avec des clins-d'oeil et des chuchotements.
Il s'arr�tait pour respirer loin de la zone des pouss�es, quand,
pr�t � s'engager sous l'ormaie, deux fois centenaire, menant �
l'entr�e du parc de l'Escal-Vigor, une bande d�boucha d'une all�e
lat�rale, l'interpellant, l'enfermant dans ses lacs.
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