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Page 92
--Ah! pour le coup, ma ch�re, j'aime mieux le macadam!
Vers six heures du soir, nous atteignons le pied d'un rocher droit et
superbe comme un palmier; il enfonce sa t�te dans un nuage noir. Le
cheikh Chellaba l�ve la main:
--Kala�! nous dit-il.
Sur ce bloc de pierre, haut de mille m�tres, sont couch�es trois
bourgades qui forment Kala�: Ouled-Hamadouh, Ouled-A�ssa, Ouled-Aaroun,
et les ruines d'une quatri�me qui fut Tazlah. Mais par o� donc y
atteindre? Par ce bel escalier taill� en zig-zag dans le marbre. Quel
palais des _Mille et une nuits_ en poss�de un pareil? A mesure que nous
en montons les marches, l'ab�me grandit � droite, � gauche ou derri�re
nous. A chaque tournant, il semble que nous plongions dans le vide. Mais
le vide ne nous fait plus p�lir, et l'�motion qu'il �veille en nous est
plut�t agr�able que poignante. A moiti� chemin de la cr�te, un �pais
rideau de brouillards se d�roule autour de nous.
Alors, transport�s en plein pays des f�es, nous escaladons des degr�s de
marbre � travers des nu�es grises. Tout le reste s'est �vanoui: les
montagnes et les pr�cipices, le ciel et la terre. Puis, tout � coup, et
comme si la nature voulait dans ce jour �puiser pour nous tous ses
spectacles, riants, imposants ou terribles, c'est le d�luge! Les nu�es
grises deviennent des cataractes. L'escalier est un torrent, le
cr�puscule du soir �claire de lueurs blafardes une inondation
fantastique. La nuit jette sur nous son manteau de t�n�bres. Nous ne
voyons plus rien; en vain nous appelons-nous les uns les autres, les
hurlements du vent �touffent notre voix. Pendant une heure encore, au
milieu de la temp�te d�cha�n�e, nous escaladons ces marches de pierre
qui nous paraissent aussi nombreuses que les degr�s de l'�chelle de
Jacob. Le seul instinct de nos montures nous prot�ge: aucun de nous
n'�changerait son maigre mulet kabyle contre la Toucques ou la
Fille-de-l'Air. A huit heures du soir, nous nous s�chons autour d'un
grand feu que font flamber pour nous les fils, fr�res et cousins du bon
cheikh Chellaba: c'est une famille d'or.
Et maintenant, lecteur, mon ami, qui avez acquis des droits � ma
reconnaissance en me suivant � travers ce monde extraordinaire dont mon
crayon ambitieux a tent� une esquisse, ne craignez pas que j'abuse de
votre bont� indulgente. Non, je ne vous ferai point partager notre
souper au piment, notre tapis aux puces. Je ne vous raconterai point
Kala� avec ses trois bourgades, et sa jolie mosqu�e aux dix-sept
arcades, et ses trois canons fleurdelis�s fondus en 1559 par un esclave
chr�tien. Je ne m'�tendrai pas sur l'extr�me politesse de ses habitants,
plus civilis�s que tous leurs fr�res de Kabylie, ni sur leurs aptitudes
industrielles et commerciales. Je ne vous ferai toucher du doigt ni
leurs riches broderies d'or et d'argent, ni leurs cuirs, ni leurs
toiles, ni leurs soies, ni m�me le burnous que tissait, le lendemain
matin, la belle Belkhrer, assise devant son _azetha_ [M�tier.], au fond
de son _akham_ [Maison.]. Quelle peinture pourtant vous ferait un ma�tre
en l'art d'�crire de cette femme aux traits nobles, drap�e dans ses
ha�ks, par�e de ses bijoux, coiff�e comme la Judith antique, qui passe
avec ses doigts effil�s la cha�ne entre la trame, tandis que son oeil de
m�re surveille un groupe d'enfants demi-nus s'�battant autour du foyer.
Mais beaucoup ont visit� Kala�, et plusieurs ont d�crit cette capitale
de l'antique royaume de Labb�s, longtemps arm�e contre la domination
turque. Au pied de son rocher que nous redescendons par un autre
escalier de marbre, la plaine arabe s'�tend vers le sud, nappe infinie,
verte ou fauve, accident�e �� et l� de grandes tentes en poil de chameau
ou de ch�vre, autour desquelles paissent d'innombrables troupeaux. Nous
jetons un dernier regard �mu sur les montagnes kabyles, et en route pour
le D�sert! Ami lecteur, serez-vous du voyage?
FIN.
End of the Project Gutenberg EBook of En Kabylie, by J. Vilbort
*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK EN KABYLIE ***
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