En Kabylie by J. Vilbort


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Page 29

Mabile, tu es d�tr�n�! Casino Cadet, ta gloire est �clips�e! O bon
peuple de France, lorsque dans la terrible Josaphat retentira la
trompette de l'archange, c'est en chantant et en dansant que tu
para�tras devant le P�re �ternel! c'est par tes pirouettes et ton rire
que tu d�sarmeras le grand vieillard au front d'airain!

Au fond de la place Randon, appuy� contre une colline, se dresse un
double escalier de pierre. Nous le montons pour nous rendre chez le
colonel qui commande le fort. La garnison ordinaire est de trois mille
hommes; mais ici, comme � Tizi-Ouzou, l'effectif a �t� r�duit dans une
proportion telle que, si elle n'est pas le fait d'une confiance aveugle,
impr�voyante et t�m�raire, elle semble condamner absolument l'emploi de
tout moyen violent contre la Kabylie. Huit cents ba�onnettes oppos�es �
soixante-quinze mille fusils! Le Sud s'est soulev�, la r�volte arabe
s'est propag�e depuis la fronti�re du Maroc jusqu'aux portes d'Aumale,
jusqu'aux confins kabyles: et pas un coup de fusil n'a �t� tir� sur le
Djurjura [Ceci a �t� �crit avant la r�volte des Kabyles en 1870.]! Les
guerriers montagnards les plus intr�pides et les derniers soumis
seraient-ils donc devenus tout � coup, par miracle, des hommes
pusillanimes? Est-ce vraisemblable? Non, aussi intelligents que braves,
ils ont compris d�j� que dans le commerce des Fran�ais ils ont peu �
perdre et beaucoup � gagner. Mais alors �tait-il bien n�cessaire de les
r�duire par la violence? et la sanglante campagne de 1857 est-elle
justifi�e? L�-dessus entre nous, grande controverse. Le Philosophe
soutient que toute guerre est en soi immorale et condamnable, par la
seule raison qu'elle force les hommes � s'entr'�gorger; qu'elle le
devient doublement si elle s'attaque � l'ind�pendance d'un peuple, et
qu'en cette mati�re-l�, pas plus qu'en aucune autre, le but ne saurait
justifier les moyens.

--Ainsi, dis-je, il fallait respecter ces bons pirates d'Alger qui
venaient exercer leur honn�te m�tier de meurtre et de pillage jusque
dans les eaux de Marseille ou de G�nes?

--Je veux bien, me r�pondit-il, vous conc�der le droit de d�truire les
brigands, comme les lions et les panth�res: ceci constitue le cas de
l�gitime d�fense; mais je n'irai pas plus loin.

M. Jules cherchait � se former une opinion dans les yeux de madame
Elvire.

--Ami, dit-elle, en prenant le bras de son mari, tu ne seras jamais
qu'un r�veur, affol� de la plus insaisissable de toutes les chim�res:
l'absolu. Et c'est par l� surtout que tu m'as plu. Sois juste cependant,
et avoue que, sans la campagne de 1857, les Kabyles ne poss�deraient pas
cette belle route, par o� la civilisation et la richesse vont p�n�trer
dans leur pays.

--Eh! qu'importe? l'�clat des plus puissants empires du monde vaut-il la
pauvret� r�publicaine?

--Chut! fis-je, nous sommes ici en France.

La r�sidence du commandant sup�rieur, vers laquelle nous nous dirigeons,
occupe, avec les casernes de l'infanterie, la partie dominante du
plateau. L� aussi on rencontre, en descendant vers la porte d'Alger, le
bureau arabe, la maison des h�tes, la prison et l'�tablissement de
l'artillerie.

Le colonel nous re�oit dans son cabinet o� r�gne une simplicit� antique:
un bureau en bois peint, quatre chaises de paille, deux _chaouchs_
[Huissiers.] kabyles: voil� tout. C'est un homme d'une cinquantaine
d'ann�es, � l'air intelligent, � la m�choire �nergique. La bienveillance
couronne son front. On lit sur son visage qu'il a regard� plus d'une
fois la mort en face, et qu'elle ne saurait le faire p�lir.

--Colonel, dit M. Jules, notre Nestor, nous voulons faire une petite
excursion en Kabylie.

--Une grande, Monsieur, ajoute madame Elvire.

--O� voulez-vous aller, Madame?

--Sur le Djurjura, dans la neige, par le chemin le plus pittoresque.

--Ah! vous �tes Parisienne.

--De coeur, sinon de naissance.

--Eh bien, Madame, vous �tes la premi�re, je pense, qui ait eu cette
fantaisie.

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 22nd Dec 2025, 15:48