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Page 17
--Voulez-vous m'emmener? lui demande le jeune Kabyle.
--O� cela?
--A Paris. Je vous servirai fid�lement.
--Tu quitterais tes montagnes?
--Et ma famille, et ma femme: tout pour aller en France.
--Tu es mari�?
--Depuis un an.
--Tu n'aimes donc pas ta femme? dit madame Elvire d'un air de reproche.
Un d�daigneux sourire arqua les l�vres du jeune Kabyle:
--Qu'est-ce que nos femmes � nous aupr�s des dames fran�aises qui sont
tout _ensucr�es_?
Les Kabyles sont si friands de sucre que neuf sur dix escaladeraient le
plus ardu des _thamgouths_ [Pics.] pour en croquer un morceau.
Devant la porte de l'h�tel, plusieurs hommes nous attendent: ce sont des
guides qui viennent l�, chaque jour, � l'arriv�e de la diligence. Ils
nous offrent leurs mulets pour monter au fort National. Nous
l'apercevons l�-haut, sur le pic le plus �lev� des A�th-Iraten, comme un
aigle en son aire. Mais si imposant que soit le rempart naturel qu'il
couronne, nos regards s'en d�tournent aussit�t, attir�s par un
formidable g�ant de pierre, d'aspect sombre et mena�ant, qui nous d�robe
le ciel et enfonce profond�ment dans les nues sa t�te blanche. Muets,
nous contemplons le Djurjura; � cette admiration silencieuse se m�le une
crainte vague.
Pendant qu'on dresse la table, je me fais conduire par notre jeune
Kabyle au bordj de Tizi-Ouzou qui domine un mamelon: c'est une ancienne
citadelle turque; une garnison fran�aise l'occupe depuis 1855; on y
monte par une rampe empierr�e assez douce, en laissant � droite, �
mi-hauteur de la colline, une jolie �glise de construction r�cente.
--Vous allez au fort Napol�on [Aujourd'hui le fort National]? me demanda
mon guide.
--Demain.
--Et apr�s-demain, vous reviendrez � Tizi-Ouzou pour retourner � Alger.
--Nous nous proposons de traverser toute la Kabylie et de faire
l'ascension du Djurjura.
--Oh! exclama-t-il.
--Y a-t-il du danger?
--Non, avec de bons mulets. Le commandant vous en procurera.
--Mais... les Kabyles? ajoutai-je, non sans un peu d'embarras.
--Ils vous offriront la _diffa_ [Repas des h�tes.].
--Et la nuit? nous n'avons pas de tentes.
--Vous dormirez dans un village, chez un _ca�d_ [Juge de paix.], ou chez
l'_amin_ [Maire.].
--Et nous pourrons dormir tranquilles?
--Oui, si les puces ne vous tourmentent pas trop.
--N'aurons-nous pas d'autres ennemis � craindre?
Le jeune Kabyle parut bless� autant que surpris de ma question:
--Est-ce qu'en France on tue les h�tes? s'�crie-t-il; en Kabylie, ils
sont sacr�s, et voici ce que porte le _kanoun_ [La charte.] de mon
village: �Tuer son h�te pour le voler est un crime qui ne peut s'expier
que par la lapidation. Tous les biens du coupable sont confisqu�s. Sa
maison sera d�truite de fond en comble.�
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