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Page 61
LOUISE.
Me f�cher de cela serait avouer que je le m�rite.
ANNA.
Mais monsieur l'a cru, il le croit sans doute encore?
LOUISE.
Dame! qui sait? c'est � lui de r�pondre.
VALROGER.
Eh! eh!
ANNA, (en col�re,)
Comment? vous dites _eh! eh!_
VALROGER.
Oh! oh!
ANNA.
Ce ne sont pas l� des r�ponses!
VALROGER.
Que voulez-vous? Certes, madame a le ciel �crit en toutes lettres sur la
figure, et l'accueil qu'elle vient de me faire tournerait la t�te �
un novice; mais le plus souvent ces �tres ang�liques sont les plus
dangereux et les plus perfides. Ils s'arrangent pour vous mettre � leurs
pieds, et quand vous y �tes, ils jettent leur soulier rose et vous font
voir la double griffe.
ANNA.
Alors, puisque vous ne croyez � la franchise d'aucune de nous, et que
vous �tiez si mal dispos� contre... madame en particulier, pourquoi donc
venez-vous chez-elle? Personne ne vous y avait appel� ni attir�, que je
sache.
VALROGER.
Pardonnez-moi, j'�tais imp�rieusement somm� de compara�tre pour r�pondre
� une provocation.
ANNA.
Ah! je ne savais pas!
VALROGER.
Non, vous ne saviez pas; mais peut-�tre que madame de Louville le sait!
Je m'en doute. J'ai, sans vous conna�tre, et sur la foi d'autrui, dit
beaucoup de mal de vous. Je me suis irrit�e de vos faciles victoires sur
les femmes l�g�res. Je vous ai ha� comme on hait celui qui vous confond
avec les autres, et, tout en disant que je ne vous verrais de ma vie,
j'ai eu envie de vous voir pour vous braver en face. C'est � cette
provocation que vous avez r�pondu en venant ici.
VALROGER.
Au moins voici de la franchise.
LOUISE.
J'en ai beaucoup, c'est ma mani�re d'�tre coquette; c'est celle des
grands diplomates.
ANNA.
Je hais, je m�prise la coquetterie, moi!
LOUISE.
Et moi, j'avoue que nous en avons toutes! Il vaut bien mieux confesser
nos travers que de nous les entendre reprocher � tout propos. Oui,
j'avoue que, de vingt-cinq � trente ans surtout, nous sommes toutes un
peu perverses, parce que nous sommes toutes un peu folles. Nous sommes
enivr�es de l'orgueil de la beaut� quand nous sommes belles, et de celui
de la vertu quand nous sommes vertueuses; mais quand nous sommes l'un et
l'autre, oh! alors il n'y a plus de bornes � notre vanit�, et l'homme
qui ose douter de notre force devient un ennemi mortel. Il faut le
vaincre, � tout risque, et pour le vaincre il faut le rendre amoureux;
quel prix aurait son culte, s'il ne souffrait pas un peu pour nous? Ne
faut-il pas qu'il expie son impi�t�? Alors on s'embarque avec lui dans
cette coquille de noix qu'on appelle la lutte, sur ce torrent dangereux
qu'on appelle l'amour; on s'y joue du p�ril et on s'y tient ferme
jusqu'� ce qu'un �cueil impr�vu, le moindre de tous, peut-�tre un l�ger
d�pit, une jalousie pu�rile, vous brise avec votre aimable compagnon de
voyage. Et voil� le r�sultat tr�s-ordinaire et tr�s-connu de ces sortes
de d�fis r�ciproques. On commence par se ha�r, puis on s'adore, apr�s
quoi on se m�prise l'un et l'autre quand on ne se m�prise pas soi-m�me.
Il e�t �t� si facile pourtant de se rencontrer naturellement, de se
saluer avec politesse et de passer son chemin sans garder rancune d'un
mot l�ger ou d'une bravade irr�fl�chie!
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