Francia; Un bienfait n'est jamais perdu by George Sand


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Page 26

--Ah! voil� les mani�res de cet aimable objet de ton amour! C'est
odieux, ma ch�re! Je te d�fends de le revoir. Tu m'appartiens, puisque
tu m'aimes. Moi, je jure de te bien traiter et de te laisser une
position en quittant la France. Je peux m�me t'emmener, si tu t'attaches
� moi.

--Vous n'�tes donc pas mari�?

--Je suis libre et tr�s-dispos� � te ch�rir, mon petit oiseau voyageur.
Puisque tu connais mon pays, que dirais-tu d'une petite boutique bien
gentille � Moscou?

--Puisqu'on l'a br�l�, Moscou!

--Il est d�j� reb�ti, va, et plus beau qu'auparavant.

--J'aimais bien ce pays-l�! nous �tions heureux! mais j'aime encore
mieux mon Paris. Vous n'�tes pas pour y rester. Ce serait malheureux de
m'attacher � vous pour vous perdre tout � coup!

--Nous resterons peut-�tre longtemps, jusqu'� la signature de la paix.

--Longtemps, �a n'est pas assez. Moi, quand je me mets � aimer, je veux
pouvoir croire que c'est pour toujours; autrement je ne pourrais pas
aimer!

--Dr�le de fille! Vraiment tu crois que tu aimeras toujours ton
perruquier?

--Je l'ai cru quand je l'ai �cout�. Il me promettait le bonheur, lui
aussi. Ils promettent tous d'�tre bons et fid�les.

--Et il n'est ni fid�le, ni bon?

--Je ne veux pas me plaindre de lui; je ne suis pas venue ici pour �a!

--Mais ton pauvre coeur s'en plaint malgr� lui. Allons, tu ne l'aimes
plus que par devoir, comme on aime un mauvais mari, et comme il n'est
pas ton mari, tu as le droit de le quitter.

Francia, qui ne raisonnait gu�re, trouva le raisonnement du prince
tr�s-fort et ne sut y r�pondre. Il lui semblait qu'il avait raison et
qu'il lui r�v�lait le d�go�t qui s'�tait fait en elle depuis longtemps
d�j�. Mourzakine vit qu'il l'avait � demi persuad�e et, lui prenant les
deux mains dans une des siennes, il voulut lui �ter son petit ch�le bleu
qu'elle tenait serr� autour de sa taille, habitude qu'elle avait prise
depuis qu'elle poss�dait ce pr�cieux tissu fran�ais imprim�, qui valait
bien dix francs.

--Ne m'ab�mez pas mon ch�le! s'�cria-t-elle na�vement, je n'ai que
celui-l�.

--Il est affreux! dit Mourzakine en le lui arrachant. Je te donnerai un
vrai cachemire de l'Inde; quelle jolie petite taille tu as! Tu es menue,
mais _faite au tour_, ma belle, comme ta m�re, absolument!

Aucun compliment ne pouvait flatter davantage la pauvre fille, et le
souvenir de sa m�re, invoqu� assez adroitement par le prince, la disposa
� un nouvel acc�s de sympathie pour lui.

--�coutez! lui dit-elle, faites-la-moi retrouver, et je vous jure...

--Quoi? que me jures-tu? dit Mourzakine en baisant les petits cheveux
noirs qui frisottaient sur son cou brun.

--Je vous jure... dit-elle en se d�gageant.

Un coup discr�tement frapp� � la porte for�a le prince � se calmer. Il
alla ouvrir: c'�tait Mozdar. Il avait parl� � l'officier du poste; tous
les gens arr�t�s dans la soir�e avaient d�j� �t� remis � la police
fran�aise. Th�odore n'�tait donc plus dans les mains des Russes et sa
soeur pouvait se tranquilliser.

--Ah! s'�cria-t-elle en joignant les mains, il est sauv�! Vous �tes le
bon Dieu, vous, et je vous remercie!

Mourzakine en lui traduisant le rapport du cosaque, s'�tait attribu�
le m�rite du r�sultat, en se gardant bien de dire que son ordre �tait
arriv� apr�s coup.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 21st Dec 2025, 6:15