Francia; Un bienfait n'est jamais perdu by George Sand


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Page 11

--Oui, oui, certainement, je me souviens, j'ai v�cu � Moscou dans ce
temps-l�; mais je n'ai jamais �t� dans les coulisses. Je ne savais pas
qu'elle e�t des enfants... Ce n'est pas l� que j'ai pu voir votre soeur.

--Ce n'est pas l� que vous l'avez vue. D'ailleurs, vous n'auriez
peut-�tre pas fait attention � elle, elle �tait trop jeune! Mais notre
m�re, monsieur le prince, notre pauvre m�re, vous l'avez bien revue �
la B�r�zina! Vous y �tiez bien avec les cosaques qui massacraient les
pauvres tra�nards! Je n'y �tais pas, moi, j'ai pas �t� �lev� en Russie;
mais ma soeur y �tait; elle jure qu'elle vous y a vu.

--Oui, elle a raison, j'y �tais, je commandais un d�tachement, et �
pr�sent je me souviens d'elle.

--Et de notre m�re? Voyons, o� est-elle?

--Elle est probablement avec Dieu, mon pauvre gar�on! Moi, je n'en sais
rien!

--Morte! r�p�ta le gamin, dont les yeux enflamm�s se remplirent de
larmes. C'est peut-�tre vous qui l'avez tu�e!

--Non, ce n'est pas moi: je n'ai jamais frapp� l'ennemi sans d�fense.
Sais-tu, enfant, ce que c'est qu'un homme d'honneur!

--Oui, j'ai entendu parler de �a, et ma soeur se souvient que les
cosaques tuaient tout. Alors vous commandiez des hommes sans honneur?

--La guerre est la guerre; tu ne sais de quoi tu parles. Assez!
ajouta-t-il en voyant que l'enfant allait riposter. Je ne puis te donner
de nouvelles de ta m�re. Je ne l'ai pas vue parmi les prisonniers. J'ai
vu, � la premi�re ville o� nous nous sommes arr�t�s apr�s la B�r�zina,
ta soeur bless�e d'un coup de lance; j'ai eu piti� d'elle, je l'ai
fait mettre dans la maison que j'occupais, en la recommandant � la
propri�taire. J'ai m�me laiss� quelque argent en partant le lendemain,
afin que l'on prit soin d'elle. A-t-elle encore besoin de quelque chose?
J'ai d�j� offert...

--Non, rien. Elle m'a bien d�fendu de rien accepter pour elle.

--Mais pour toi?... dit Mourzakine en portant a main � sa ceinture.

Les yeux du gamin de Paris brill�rent un instant, allum�s par la
convoitise, par le besoin peut-�tre; mais il fit un pas en arri�re comme
pour �chapper � lui-m�me, et s'�cria avec une majest� burlesque:

--_Non! pas de ��, Lisette!_ On ne veut rien des Russes!

--Alors pourquoi ta soeur voulait-elle me voir? Esp�re-t-elle que je
pourrai l'aider � retrouver sa m�re? cela me para�t bien impossible!

--On pourrait toujours savoir si elle a �t� faite prisonni�re? Moi je ne
peux pas vous dire au juste o� c'�tait et comment �a c'est pass�; mais
Francia vous expliquerait...

--Voyons, je ferai tout ce qui d�pendra de moi. Qu'elle attende �
dimanche, et j'irai chez vous. Es-tu content?

--Chez nous,... le dimanche,... dit le gamin en se grattant l'oreille,
�a ne se peut gu�re!

--Pourquoi?

--_A cause de parce que!_ Il vaut mieux qu'elle vienne ici.

--Ici, c'est compl�tement impossible.

--Ah! oui, il y a une belle jolie dame qui serait jalouse...

--Tais-toi, _maraud_!

--Bah! les larbins se g�nent bien pour le dire tout haut dans
l'antichambre, que la bourgeoise en tient!...

--Hors d'ici, faquin! dit Mourzakine, qui avait appris dans les auteurs
fran�ais du si�cle dernier comment un homme du monde parlait � la
canaille.

Mais il ajouta, dans des formes plus � son usage:

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Books | Photos | Paul Mutton | Thu 18th Dec 2025, 17:14