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Page 39
--Mais quel est donc l'homme que vous voyez et � qui vous ne refusez
pas l'entr�e de votre chambre? dit Leoni, qui devenait de plus en plus
pensif et p�le. Juliette, r�pondez-moi, je le veux, entendez-vous?
Je sentis combien ma position devenait affreuse. Je joignis mes mains en
tremblant et j'invoquai le ciel en silence.
--Vous ne r�pondez pas, dit Leoni. Pauvre femme! vous n'avez gu�re de
pr�sence d'esprit. Vous avez un amant, Juliette! Vous n'avez pas tort,
puisque j'ai une ma�tresse. Je suis un sot de ne pouvoir le souffrir
quand vous acceptez le partage de mon coeur et de mon lit. Mais il est
certain que je ne puis �tre aussi g�n�reux. Adieu.
Il prit son chapeau et mit ses gants avec une froideur convulsive, tira
sa bourse, la posa sur la chemin�e, et sans m'adresser un mot de plus,
sans jeter un regard sur moi, il sortit. Je l'entendis s'�loigner d'un
pas �gal et descendre l'escalier sans se presser.
La surprise, la consternation et la peur m'avaient glac� le sang. Je
crus que j'allais devenir folle; je mis mon mouchoir dans ma bouche pour
�touffer mes cris, et puis, succombant � la fatigue, je retombai dans un
accablement stupide.
Au milieu de la nuit, j'entendis du bruit dans la chambre; j'ouvris les
yeux et je vis, sans comprendre ce que je voyais, Leoni qui se promenait
avec agitation, et le marquis assis � une table et vidant une bouteille
d'eau-de-vie. Je ne fis pas un mouvement. Je n'eus pas l'id�e de
chercher � savoir ce qu'ils faisaient l�; mais peu � peu leurs paroles,
en frappant mes oreilles, arriv�rent jusqu'� mon intelligence et prirent
un sens.
--Je te dis que je l'ai vu et que j'en suis sur, disait le marquis. Il
est ici.
--Le chien maudit! r�pondit Leoni en frappant du pied; que la Terre
s'ouvre et m'en d�barrasse!
--Bien dieu reprit le marquis. Je suis de cet avis-l�.
--Il vient jusque dans ma chambre tourmenter cette malheureuse femme!
--Es-tu s�r, Leoni, qu'elle n'en soit pas fort aise?
--Tais-toi, vip�re! et n'essaie pas de me faire soup�onner cette
infortun�e. Il ne lui reste au monde que mon estime.
--Et l'amour de M. Henryet, reprit le marquis.
Leoni serra les poings.--Nous la d�barrasserons de cet amour-l�,
s'�cria-t-il, et nous en gu�rirons le Flamand.
--Ah �a, Leone, ne va pas faire de sottise!
--Et toi, Lorenzo, ne va pas faire d'infamie.
--Tu appellerais cela une infamie, toi? nous n'avons gu�re les m�mes
id�es. Tu conduis tranquillement au tombeau la Zagarolo pour h�riter de
ses biens, et tu trouverais mauvais que je misse en terre un ennemi dont
l'existence paralyse � jamais la n�tre! Il te semble tout simple, malgr�
la danse des m�decins, de h�ter par ta tendresse g�n�reuse le terme des
maux de ta ch�re phtisique...
--Va-t'en au diable! Si cette enrag�e veut vivre vite et mourir bient�t,
pourquoi l'en emp�cherais-je? Elle est assez belle pour me trouver
ob�issant, et je ne l'aime pas assez pour lui r�sister.
--Quelle horreur! murmurai-je malgr� moi, et je retombai sur mon
oreiller.
--Ta femme a parl�, je crois, dit le marquis.
--Elle r�ve, r�pondit Leoni, elle a la fi�vre.
--Es-tu sur qu'elle ne nous �coute pas?
--Il faudrait d'abord qu'elle e�t la force de nous entendre. Elle est
bien malade aussi, la pauvre Juliette! Elle ne se plaint pas, elle! elle
souffre seule. Elle n'a pas vingt femmes pour la servir, elle ne paie
pas de courtisans pour satisfaire ses fantaisies maladives; elle meurt
saintement et chastement comme une victime expiatoire entre le ciel et
moi.--Leoni s'assit sur la table et fondit en larmes.
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