Voyage dans l'Aurès by Dorothée Chellier


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Page 1

L'Aur�s semble avoir attir� sp�cialement son attention, et l'on ne
saurait s'en �tonner si l'on consid�re que cette r�gion sollicite � la
fois l'int�r�t par les richesses naturelles de son sol et les qualit�s
propres aux Chaou�as qui l'habitent.

Il m'appara�t comme �vident, apr�s le voyage que je viens de faire,
que ces indig�nes se distinguent des autres tribus alg�riennes par une
intelligence plus saine et plus pratique, et qu'ils pr�sentent � un haut
degr� les caract�res de perfectibilit� qui font tr�s souvent d�faut �
leurs cong�n�res.

Ce qui m'a frapp�e surtout au cours de ma mission, c'est l'empressement
des malades � venir solliciter mes soins, la confiance compl�te dans le
traitement institu�, l'influence rapide que j'aurais pu acqu�rir sur
leur esprit.

On n'ignore pas que depuis la conqu�te de l'Alg�rie nos efforts, pour
nous assimiler les Arabes, sont rest�s � peu pr�s st�riles.

Les flatteries, les rigueurs n'ont abouti � aucun r�sultat s�rieux.
L'Arabe demeure r�fractaire � toutes les tentatives de civilisation.

�tant d'origine alg�rienne, et connaissant les moeurs du pays, je
m'�tais souvent demand� si la non possibilit� de p�n�trer dans le
gyn�c�e n'�tait pas une des causes pour lesquelles l'assimilation �tait
rest�e jusqu'ici impossible.

Je m'�tais demand� encore si une femme m�decin ne pourrait pas faire
quelque chose d'utile en facilitant l'introduction de nos id�es dans ce
milieu si obstin�ment, si volontairement �loign� de nous.

Je savais que M. Cambon cherchait � utiliser les m�decins, non seulement
pour apporter aux indig�nes le secours de soins �clair�s et d�truire
l'influence des toubibs qui exploitent si indignement la cr�dulit� de
leurs coreligionnaires, mais encore pour h�ter l'oeuvre d'assimilation.

Tout r�cemment il avait pr�sent� au Conseil sup�rieur de l'Alg�rie un
plan d'ensemble dont voici les principales lignes:

Cr�ation d'un corps m�dical compos� d'indig�nes auxquels on demanderait
deux ann�es d'�tudes portant sur les questions �l�mentaires et pratiques
de la m�decine. Ces �tudes achev�es, ces m�decins seraient d�sign�s
pour exercer dans une r�gion d�termin�e. En dehors de cette r�gion,
l'exercice de la m�decine leur serait interdit.

Soumis � Paris, au Conseil sup�rieur d'hygi�ne, ce projet a �t�
sanctionn�.

La question de surveillance de ce nouveau corps m�dical n'est pas
d�finitivement r�solue; elle ne saurait tarder � l'�tre; le projet
r�pond � une utilit� trop imm�diate pour que son application soit
diff�r�e.

Connaissant toutes ces choses et d�sirant compl�ter les observations que
j'avais d�j� faites sur les coutumes indig�nes, je demandais � M. le
Gouverneur g�n�ral de bien vouloir me confier une mission dans une
r�gion �loign�e.

M. Cambon, avec sa g�n�rosit� habituelle et son d�sir de conna�tre les
moindres d�tails de la vie indig�ne, me d�signa l'Aur�s pour aller
�tudier les pratiques de l'accouchement, de l'avortement et la fr�quence
des maladies ut�rines.

J'allais donc pouvoir me rendre compte de l'utilit� de la femme m�decin
dans des tribus �loign�es, encore sauvages, et appr�cier si elle
pourrait y rendre les m�mes services que chez l'arabe des villes.

Comme on le verra dans le r�cit de mon voyage, la femme chaou�a est plus
accessible que la femme arabe; elle n'est pas voil�e et ne se cache pas
aux regards des hommes; mais, comme partout ailleurs elle se refuserait
� accepter les soins d'un m�decin qui ne serait pas de son sexe, que le
praticien soit musulman ou chr�tien, tandis qu'elle se livre et donne
une enti�re confiance � la femme.

Je crois qu'il y aurait int�r�t pour nous, en respectant les moeurs
arabes, d'agir sur la femme par la femme.

Chez les peuples civilis�s, et bien plus encore chez les peuples
primitifs, c'est toujours en op�rant sur l'esprit de la femme qu'on
p�n�tre vraiment la famille.

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Books | Photos | Paul Mutton | Fri 29th Mar 2024, 4:56