Le portrait de monsieur W.H. by Oscar Wilde


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Page 58

Le principal avantage qui r�sulterait de r�tablissement du
socialisme serait, � n'en pas douter, que nous serions d�livr�s
par lui de cette sordide n�cessit� de vivre pour d'autres, qui
dans l'�tat actuel des choses, p�se d'un poids si lourd sur tous
presque sans exception. En fait, on ne voit pas qui peut s'y
soustraire.

�� et l�, dans le cours du si�cle, un grand homme de science, tel
que Darwin; un grand po�te, comme Keats; un subtil critique comme
Renan; un artiste accompli, comme Flaubert, ont su s'isoler, se
placer en dehors de la zone o� le reste des hommes fait entendre
ses clameurs, se tenir � l'abri du mur, que d�crit Platon[35]
r�aliser ainsi la perfection de ce qui �tait en chacun, avec un
avantage incalculable pour eux, � l'avantage infini et �ternel du
monde entier.

N�anmoins, ce furent des exceptions.

La majorit� des hommes g�chent leur existence par un altruisme
malsain, exag�r�, et en somme, ils le font par n�cessit�. Ils se
voient au milieu d'une hideuse pauvret�, d'une hideuse laideur,
d'une hideuse mis�re. Ils sont fortement impressionn�s par tout
cela, c'est in�vitable.

L'homme est plus profond�ment agit� par ses �motions que par son
intelligence, et comme je l'ai montr� en d�tail dans un article
que j'ai jadis publi� sur _la Critique et l'Art__[36]_, il est
bien plus facile de sympathiser avec ce qui souffre, que de
sympathiser avec ce qui pense. Par suite, avec des intentions
admirables, mais mal dirig�es, on se met tr�s s�rieusement, tr�s
sentimentalement � la besogne de rem�dier aux maux dont on est
t�moin. Mais vos rem�des ne sauraient gu�rir la maladie, ils ne
peuvent que la prolonger, on peut m�me dire que vos rem�des font
partie int�grante de la maladie.

Par exemple, on pr�tend r�soudre le probl�me de la pauvret�, en
donnant aux pauvres de quoi vivre, ou bien, d'apr�s une �cole tr�s
avanc�e, en amusant les pauvres.

Mais par l�, on ne r�sout point la difficult�; on l'aggrave, _le
but v�ritable consiste � s'efforcer de reconstruire la soci�t� sur
une base telle que la pauvret� soit impossible._ Et les vertus
altruistes ont vraiment emp�ch� la r�alisation de ce plan.

Tout de m�me que les pires possesseurs d'esclaves �taient ceux qui
t�moignaient le plus de bont� � leurs esclaves, et emp�chaient
ainsi d'une part les victimes du syst�me d'en sentir toute
l'horreur, et de l'autre les simples spectateurs de la comprendre,
ainsi, dans l'�tat actuel des choses en Angleterre, les gens qui
font le plus de mal, sont ceux qui s'�vertuent � faire le plus de
bien possible. C'est au point qu'� la fin nous avons �t� t�moins
de ce spectacle: des hommes qui ont �tudi� s�rieusement le
probl�me, et qui connaissent la vie, des hommes instruits, et qui
habitent East-End, en arrivent � supplier le public de mettre un
frein � ses impulsions altruistes de charit�, de bont�, etc. Et
ils le font par ce motif que la Charit� d�grade et d�moralise. Ils
ont parfaitement raison.

La Charit� est cr�atrice d'une multitude de p�ch�s.

Il reste encore � dire ceci: c'est chose immorale que d'employer
la propri�t� priv�e � soulager les maux affreux que cause la
privation de propri�t� priv�e; c'est � la fois immoral et d�loyal.

Sous le r�gime socialiste, il est �vident que tout cela changera.

Il n'y aura plus de gens qui habiteront des tani�res puantes,
seront v�tus de haillons f�tides, plus de gens pour procr�er des
enfants malsains, et �maci�s par la faim, au milieu de
circonstances impossibles et dans un entourage absolument
repoussant.

La s�curit� de la soci�t� ne sera plus subordonn�e, comme elle
l'est aujourd'hui, au temps qu'il fait. S'il survient de la gel�e,
nous n'aurons plus une centaine de mille hommes forc�s de ch�mer,
vaguant par les rues dans un �tat de mis�re r�pugnante, geignant
aupr�s des voisins pour en tirer des aum�nes ou s'entassant � la
porte d'abris d�go�tants pour t�cher d'y trouver une cro�te de
pain et un logement malpropre pour une nuit. Chacun des membres de
la soci�t� aura sa part de la prosp�rit� g�n�rale et du bonheur
social, et s'il survient de la gel�e, personne n'en �prouvera
d'inconv�nient r�el.

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Books | Photos | Paul Mutton | Wed 24th Dec 2025, 13:34