Le portrait de monsieur W.H. by Oscar Wilde


Main
- books.jibble.org



My Books
- IRC Hacks

Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare

External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd

books.jibble.org

Previous Page | Next Page

Page 41

Lord Canterville �couta sans broncher le discours du digne
ministre en tirant de temps � autre sa moustache grise pour cacher
un sourire involontaire.

Quand M. Otis eut termin�, il lui serra cordialement la main, et
lui r�pondit:

- Mon cher monsieur, votre charmante fillette a rendu � mon
malheureux anc�tre un service tr�s important. Ma famille et moi
nous sommes tr�s reconnaissants du merveilleux courage, du sang-
froid dont elle a fait preuve. Les joyaux lui appartiennent, c'est
clair, et par ma foi je crois bien que si j'avais assez peu de
coeur pour les lui prendre, le vieux gredin sortirait de sa tombe
au bout de quinze jours, et me ferait une vie d'enfer. Quant �
�tre des bijoux de famille, ils ne le seraient qu'� la condition
d'�tre sp�cifi�s comme tels dans un testament, dans un acte l�gal,
et l'existence de ces joyaux est rest�e ignor�e. Je vous certifie
qu'ils ne sont pas plus � moi qu'� votre ma�tre d'h�tel. Quand
miss Virginia sera grande, elle sera enchant�e, j'oserai
l'affirmer, d'avoir de jolies choses � porter. En outre, M. Otis,
vous oubliez que vous avez pris l'ameublement et le fant�me sur
inventaire. Donc, tout ce qui appartient au fant�me vous
appartient. Malgr� toutes les preuves d'activit� qu'a donn�es sir
Simon, la nuit, dans le corridor, il n'en est pas moins mort, au
point de vue l�gal, et votre achat vous a rendu propri�taire de ce
qui lui appartient.

M. Otis ne fut pas peu tourment� du refus de lord Canterville, et
le pria de r�fl�chir � nouveau sur sa d�cision, mais l'excellent
pair tint bon et finit par d�cider le ministre � accepter le
pr�sent que le fant�me lui avait fait.

Lorsque, au printemps de 1890, la jeune duchesse de Cheshire fut
pr�sent�e pour la premi�re fois � la r�ception de la Reine, �
l'occasion de son mariage, ses joyaux furent l'objet de
l'admiration g�n�rale. Car Virginia re�ut le tortil baronnal qui
se donne comme r�compense � toutes les petites Am�ricaines qui
sont bien sages, et elle �pousa son petit amoureux, d�s qu'il eut
l'�ge.

Tous deux �taient si gentils, et ils s'aimaient tant l'un l'autre,
que tout le monde fut enchant� de ce mariage, except� la vieille
marquise de Dumbleton, qui avait fait tout son possible pour
attraper le duc et lui faire �pouser une de ses sept filles.

Dans ce but, elle n'avait pas donn� moins de trois grands d�ners
fort co�teux.

Chose �trange, M. Otis �prouvait � l'�gard du petit duc une vive
sympathie personnelle, mais en th�orie, il �tait l'adversaire de
la particule, et, pour employer ses propres expressions, il avait
quelque sujet d'appr�hender, que, parmi les influences �nervantes
d'une aristocratie �prise de plaisir, les vrais principes de la
simplicit� r�publicaine ne fussent oubli�s.

Mais on ne tint aucun compte de ses observations, et quand il
s'avan�a dans l'aile de l'�glise de Saint-Georges, Hanover-Square,
sa fille � son bras, il n'y avait pas un homme plus fier dans la
longueur et dans la largeur de l'Angleterre.

Apr�s la lune de miel, le duc et la duchesse retourn�rent �
Canterville-Chase, et le lendemain de leur arriv�e, dans l'apr�s-
midi, ils all�rent faire un tour dans le cimeti�re solitaire pr�s
du bois de pins.

Ils furent d'abord tr�s embarrass�s au sujet de l'inscription
qu'on graverait sur la pierre tombale de sir Simon, mais ils
finirent par d�cider qu'on se bornerait � y graver simplement les
initiales du vieux gentleman, et les vers �crits sur la fen�tre de
la biblioth�que.

La duchesse avait apport� des roses magnifiques qu'elle �parpilla
sur la tombe; puis, apr�s s'y �tre arr�t� quelques instants, on se
promena dans les ruines du choeur de l'antique abbaye.

La duchesse s'y assit sur une colonne tomb�e, pendant que son
mari, couch� � ses pieds, et fumant sa cigarette, la regardait
dans ses beaux yeux.

Soudain, jetant sa cigarette, il lui prit la main et lui dit:

Previous Page | Next Page


Books | Photos | Paul Mutton | Mon 22nd Dec 2025, 21:55