Promenades et intérieurs by Francois Coppee


Main
- books.jibble.org



My Books
- IRC Hacks

Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare

External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd

books.jibble.org

Previous Page | Next Page

Page 12


Juin

Dans cette vie ou nous ne sommes
Que pour un temps si t�t fini,
L'instinct des oiseaux et des hommes
Sera toujours de faire un nid;
Et d'un peu de paille ou d'argile
Tous veulent se construire, un jour,
Un humble toit, chaud et fragile,
Pour la famille et pour l'amour.
Par les yeux d'une fille d'�ve
Mon coeur profond�ment touch�
Avait fait aussi ce doux r�ve
D'un bonheur �troit et cach�.
Rempli de joie et de courage,
� fonder mon nid je songeais;
Mais un furieux vent d'orage
Vient d'emporter tous mes projets;
Et sur mon chemin solitaire
Je vois, triste et le front courb�,
Tous mes espoirs bris�s � terre
Comme les oeufs d'un nid tomb�.


Ao�t

Par les branches d�sordonn�es
Le coin d'�tang est abrit�,
Et l� poussent en libert�
Campanules et gramin�es.
Cach� par le tronc d'un sapin,
J'y vais voir, quand midi flamboie,
Les petits oiseaux pleins de joie
Se livrer au plaisir du bain.
Aussi vifs que des �tincelles,
Ils sautillent de l'onde au sol,
Et l'eau, quand ils prennent leur vol,
Tombe en diamants de leurs ailes.
Mais mon coeur lass� de souffrir
En les admirant les envie,
Eux qui ne savent de la vie
Que chanter, aimer et mourir!


D�cembre

Le hibou parmi les d�combres
Hurle, et D�cembre va finir;
Et le douloureux souvenir
Sur ton coeur jette encor ses ombres.
Le vol de ces jours que tu nombres,
L'aurais-tu voulu retenir?
Combien seront, dans l'avenir,
Brillants et purs; et combien, sombres?
Laisse donc les ans s'�puiser.
Que de larmes pour un baiser,
Que d'�pines pour une rose!
Le temps qui s'�coule fait bien;
Et mourir ne doit �tre rien,
Puisque vivre est si peu de chose.


III


En faction

Sur le rempart, portant mon lourd fusil de guerre,
Je vous revois, pays que j'explorais nagu�re,
Montrouge, Gentilly, vieux hameaux oubli�s
Qui cachez vos toits bruns parmi les peupliers.
Je respire, surpris, sombre ruisseau de Bi�vre,
Ta forte odeur de cuir et tes miasmes de fi�vre.
Je vous suis du regard, pauvres coteaux pel�s,
Tels encor que jadis je vous ai contempl�s,
Et dans ce ciel connu, mon souvenir s'�tonne
De retrouver les tons exquis d'un soir d'automne;
Et mes yeux sont mouill�s des larmes de l'adieu.
Car mon r�ve a souvent err� dans ce milieu
Que va bouleverser la dure loi du si�ge.
Jusqu'ici j'allongeais la cha�ne de mon pi�ge;
Triste captif, ayant Paris pour ma prison,
Longtemps ce fut ici pour moi tout l'horizon;
Ici j'ai pris l'amour des couchants verts et roses;
Pench� d�s le matin sur des papiers moroses,
Dans une chambre o� ma fantaisie �touffait,
C'est ici que souvent, le soir, j'ai satisfait,
� cette heure o� la nuit monte au ciel et le gagne,
Mon d�sir de lointain, d'air libre et de campagne.
Me reprochera-t-on, dans cet affreux moment,
Un regret pour ce coin mis�rable et charmant?
Car il va dispara�tre � tout jamais. Sans doute,
Les boulets vont couper les arbres de la route;
Et l'humble cabaret o� je me suis assis,
Incendi� d�j�, fume au pied du glacis;
Dans ce champ d�pouill�, morne comme une tombe,
Il croule, abandonn�. Regardez. Une bombe
A crev� ces vieux murs qui g�naient pour le tir:
Et, tels que mon regret qui ne veut pas partir,
Se br�lant au vieux toit, quelques pigeons fid�les
L'entourent, en criant, de leurs battements d'ailes.

Previous Page | Next Page


Books | Photos | Paul Mutton | Fri 10th Jan 2025, 20:20