Teverino by George Sand


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Page 20

--Ah! cur�, dit Sabina en jetant un regard sur le bourru endormi, voil�
ce que vous ne pourrez jamais comprendre! c'est la foi, c'est l'amour.

--Non, Madame, reprit l'oiseli�re, il ne peut pas comprendre, lui. Il
dit d'abord que personne ne conna�t mon amoureux, et que ce doit �tre un
mauvais sujet. C'est tout simple: il est �tranger, il vient de passer
par chez nous; il n'a ni parents ni amis pour r�pondre de lui; il s'est
arr�t� au pays parce qu'il m'a vue et que je lui ai plu. Alors il n'y a
que moi qui le connaisse et qui puisse dire: C'est un honn�te homme. M.
le cur� veut qu'il s'en aille, et il menace de le faire chasser par les
gendarmes. Moi, je le cache; c'est encore tout simple.

--Et o� le caches-tu!

--Dans ma cabane.

--As-tu des parents?

--J'ai mon fr�re qui est... sauf votre permission, contrebandier... mais
il ne faut pas le dire, m�me � M. le cur�.

--Et cela fait qu'il passe les nuits dans la montagne et les jours �
dormir, n'est-ce pas? reprit L�once.

--� peu pr�s. Mais il sait bien que mon bon ami couche dans son lit
quand il est dehors.

--Et cela ne le f�che pas?

--Non, il a bon coeur.

--Et il ne s'inqui�te de rien?

--De quoi s'inqui�terait-il?

--T'aime-t-il beaucoup, ton fr�re?

--Oh! il est tr�s-bon pour moi... nous sommes orphelins depuis
longtemps; c'est lui qui m'a servi de p�re et de m�re.

--Il me semble que nous pouvons �tre tranquilles, L�once? dit lady G...
� son ami.

--Jusqu'� pr�sent, oui, r�pondit-il. Mais l'avenir! Je crains Madeleine,
que votre bon ami ne s'en aille, de gr� ou de force, un de ces matins,
et ne vous laisse pleurer.

--S'il s'en va, je le suivrai.

--Et vos oiseaux?

--Ils me suivront. Je fais quelquefois dix lieues avec eux.

--Vous suivent-ils maintenant?

--Vous ne les voyez pas voler d'arbre en arbre tout le long du chemin?
Ils n'approchent pas, parce que je ne suis pas seule et que la voiture
les effraie; mais je les vois bien, moi, et ils me voient bien aussi,
les pauvres petits!

--Le monde a plus de dix lieues de long; si votre bon ami vous emmenait
� plus de cent lieues d'ici?

--Partout o� j'irai il y aura des oiseaux, et je m'en ferai conna�tre.

--Mais vous regretteriez ceux que vous avez �lev�s?

--Oh! sans doute. Il y en a deux ou trois surtout qui ont tant d'esprit,
tant d'esprit, que M. le cur� n'en a pas plus, et que mon bon ami seul
en a davantage. Mais je vous dis que tous mes oiseaux me suivraient
comme je suivrais mon bon ami. Ils commencent � le conna�tre et � ne pas
s'envoler quand il est avec moi.

--Pourvu que le bon ami ne soit pas plus volage que les oiseaux! dit
Sabina. Est-il bien beau, ce bon ami?

--Je crois que oui; je ne sais pas.

--Vous n'osez donc pas le regarder? dit L�once.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sat 11th Jan 2025, 22:49