Réflexions sur le sort des Noirs dans nos colonies by Daniel Lescallier


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Page 11

Qui peut douter en effet que si, dans le quinzi�me si�cle, on e�t
m�nag�, civilis� & instruit ce million d'hommes que l'on dit avoir
�t� trouv�s dans l'Isle d'Haiti (� pr�sent Saint-Domingue) lors de sa
d�couverte; si on se f�t attach� ce peuple doux & hospitalier au lieu de
le d�truire, si on lui e�t joint avec pr�cautions, mesure & politique,
des �migrations de gens de m�tiers & de talens; si on en e�t agi de m�me
� l'�gard des Cara�bes des Antilles & autres pays de l'Am�rique, si on
e�t �tabli dans nos Colonies une l�gislation sage & humaine, sans jamais
songer � ce moyen odieux de l'esclavage; qui peut douter, dis-je, que
Saint-Domingue n'e�t pu �tre, sous cette forme diff�rente, bien plus
peupl�e & plus productive qu'elle ne l'est avec ses 500 mille Noirs
esclaves? & les autres Colonies n'auroient-elles pas pu prosp�rer de
m�me par les m�mes moyens.

Qu'il me soit permis de citer ici un passage d'un ouvrage estim� sur les
affaires actuelles, attribu� � un Pr�lat du premier m�rite, o� cette
m�me id�e est expos�e, � la suite d'un raisonnement court & concluant
sur l'esclavage.

�Dans nos possessions d'Am�rique, on pourroit d�s ce moment choisir
quelque Canton, ou une isle, pour y �tablir des propri�t�s & des
Cultivateurs libres: il ne faudroit pas trop �couter les Colons, car
ils raisonnent s�rement comme raisonnoient nos anc�tres dans le dixi�me
si�cle�.



_CONCLUSION._

L'Esclavage est une institution vicieuse & injuste; la Traite des Noirs
est une barbarie encore plus condamnable.

Que les Colonies se maintiennent & que l'esclavage s'y conserve encore
quelque-tems, puisqu'il n'est que trop vrai qu'il ne peut disparo�tre
que par gradations, � moins de causer des pertes aux Colons & du danger
� nos �tablissemens; mais il faut proscrire dans l'instant la Traite.

Il e�t �t� possible aux Fondateurs de nos Colonies de les cultiver sans
r�duire leurs Cultivateurs en esclavage: ils surprirent un loi odieuse �
la Religion des Souverains pour autoriser l'esclavage dans nos Colonies,
en donnant une fonction � la Traite des esclaves qui est un tissu de
brigandages: nous jouissons de leur ouvrage; mais si nous voulons en
jouir sans remords, am�liorons le sort de ces victimes de la cupidit�, &
cessons d�sormais d'en augmenter le nombre.

A mesure que les Colons se pr�teront � ces vues d'ordre de d'humanit�,
en paroissant faire le plus noble des sacrifices, ils feront leur
propre avantage; on verra r�sulter plus de prosp�rit� aux Colonies & au
Commerce National; on y �prouvera plus de tranquillit�, plus de s�ret�,
une augmentation constante � la population de ces �tablissemens, sans
employer aucuns moyens forc�s, ni contraires � nos principes: il ne faut
pour s'en convaincre que se repr�senter cette v�rit� si reconnue, que la
population cro�t sensiblement par-tout o� se trouvent le bonheur & les
subsistances.



_Envoi � MM. les D�put�s de la Nation._

O! vous, l'�lite de la plus belle Nation & de la plus g�n�reuse,
assembl�s en pr�sence de l'univers pour r�parer les maux de l'humanit�
souffrante, pour soutenir le foible contre l'opression du fort, pour
faire jouir les pauvres du sacrifice des riches! daignez vous occuper un
instant du sort de 500 mille Cultivateurs qui font partie des sujets
de ce vaste empire, qui vous procurent par leurs travaux des denr�es
agr�ables & utiles, qui fournissent des moyens consid�rables au Commerce
& l'activit� Nationale, qui en donneront encore bien davantage, si leur
industrie est encourag�e & leur population soign�e & m�nag�e; ils vivent
sous le Gouvernement Fran�ois, & cependant, par un abus injustifiable,
ils sont soumis � une loi qui est en contradiction avec vos moeurs,
votre Religion, vos principes constitutionnels; ils sont assujettis �
un r�gime arbitraire duquel rien ne peut les d�livrer que l'autorit�
souveraine qui les y a condamn�s: sans amis, sans d�fenseurs, sans
magistrats[2], n'ont-ils pas quelques droits � votre protection? Et
n'est-il pas bien certain que le Roi le plus humain & le mieux dispos�
� bien faire sanctionnera avec empressement, ce que vous ferez en leur
faveur. Croyez que nul objet n'est plus digne de vos glorieux travaux
que la suppression de la Traite des Noirs, & la r�solution prise
d�s-�-pr�sent de pr�parer les voies � celle de l'esclavage, par tous les
moyens graduels indiqu�s ici rapidement, ou tels autres, que la propre
disposition des propri�taires fera �clore successivement, encourag�e par
l'autorit� souveraine.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sat 20th Dec 2025, 9:23