Réflexions sur le sort des Noirs dans nos colonies by Daniel Lescallier


Main
- books.jibble.org



My Books
- IRC Hacks

Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare

External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd

books.jibble.org

Previous Page | Next Page

Page 10

Les familles qui de bon accord auroient fait sur leurs profits les
�pargnes suffisantes pour se racheter, auroient par-l� fait preuve de
leur capacit� & de la bonne conduite dont ils seroient capables dans
l'�tat de libert�: Elles se racheteroient, soit par une somme une fois
pay�e, soit par une redevance annuelle.

Ces �migrations successives de vassaux affranchis, qui sortiroient ainsi
des grandes habitations pour former de petites propri�t�s par familles,
seroient amplement remplac�es dans les habitations par l'accroissement
immanquable de leur population. Les revenus de ces grands �tablissemens
augmenteroient m�me � mesure de ces affranchissemens par les cens
ou redevances mod�r�es dont le propri�taire conviendroit avec eux,
sanctionn� par la loi, ou par le remboursement d'argent.

Ces familles affranchies �tabliroient, sur les terreins que leur
auroit conc�d�s le propri�taire, ou le Gouvernement, des _huttes_
(ou m�nageries de gros & de menu b�tail) des places � vivres, des
plantations de coton, de caf�, de cacao, d'indigo, de tabac; ils
exerceroient des arts & m�tiers dans la Colonie, etc.; & on ne voit
point impossible, quand ces affranchissemens auroient assez augment�,
qu'il s'�tabl�t de nouvelles Sucreries par des associations faites
entr'eux.

Il semble qu'un r�gime si �videmment prosp�re pour le Colon & pour le
Cultivateur N�gre, tendant � l'avancement des Colonies, devroit �tre
saisi avec empressement par tous les Colons. On a lieu de croire qu'il
le seroit en effet par quelques-uns; mais le plus grand nombre des
personnes qui poss�dent des biens dans les Colonies n'est pas de cette
trempe, & se laisse entra�ner par une routine �tablie & un usage
h�r�ditaire. S'il n'y avoit dans les Colonies que de grands
propri�taires, que des gens raisonnables & humains pour poss�der les
esclaves & les diriger, le sort des Noirs �tant par-tout semblable
� celui qu'on cite par exception sur quelques habitations sagement
conduites, il seroit facile de persuader � ces personnes choisies de
faire un pas de plus vers l'am�lioration du sort de leurs Cultivateurs;
elles sentiroient ais�ment que ce n'est pas tout faire que de les
nourrir & de les soigner, que l'activit�, le bon ordre & les revenus
augmenteroient infailliblement en les y int�ressant; ces personnes
tenteroient volontiers l'exp�rience que je viens d'indiquer, & je suis
plus que persuad� que la tentative suffiroit pour obtenir une r�ussite
complette. Mais les Colonies sont en grande partie compos�es (quant
� leur population blanche) de gens �trangers � la terre, qui y sont
impatiemment, affectant m�me du d�go�t pour ce s�jour & le desir de
le quitter, gens le plus souvent sans �ducation, sans moeurs, sans
instruction: tous sont habiles � poss�der des esclaves; mais il s'en
faut de beaucoup que tous aient les id�es par lesquelles des hommes
doivent �tre gouvern�s: n'�tant l� qu'avec le projet de faire une
fortune rapide & de s'en aller le plut�t possible en jouir en Europe,
tout ce qui peut acc�l�rer leur fortune, ou y concourir, leur paro�t bon
& l�gitime, & tout ce qui retarde ou emp�che leurs profits, leur semble
un crime: les esclaves sont leur principal, presque leur unique moyen de
fortune, pr�ts � les revendre, ils ne s'attachent jamais � eux, ni ne
s'inquiettent d'autre chose que de tirer d'eux tout le travail possible.
Ce n'est pas de cette esp�ce inf�rieure, qui forme le plus grand nombre,
que l'on doit attendre aucune am�lioration. On ne doit pas se dissimuler
d'ailleurs que le pr�jug� g�n�ralement r�pandu dans les grandes Colonies
r�sistera long-tems � cette r�volution, que l'int�r�t particulier & mal
raisonn� du moment se trouvera sans cesse en opposition avec l'int�r�t
g�n�ral & plus solide de l'avenir.

On aura encore � vaincre le pr�jug� de la plupart des personnes qui ont
influence dans cette administration, parmi lesquelles il existe une
persuasion assez g�n�rale que l'esclavage est essentiellement n�cessaire
� l'existence & � la prosp�rit� des Colonies, & que la Traite des Noirs
est indispensable au maintien & � l'accroissement de leur population.

En supposant que quelques personnes plus �clair�es & plus sensibles
tentent, en adoptant ces id�es, de faire quelques essais particuliers
d'am�lioration au sort des Noirs, & d'accroissement � leur population,
il en r�sultera pour eux-m�mes & pour le Gouvernement beaucoup de bien:
mais ces exemples, partiels & born�s au plus petit nombre, ne pourront
obtenir complettement leur effet, tant qu'ils seront en opposition
directe & en exception au r�gime �tabli par la loi; & le syst�me actuel
de l'Administration & de la l�gislation Coloniale, r�sisteroit �
l'entier d�veloppement de ce r�gime de libert�, jusqu'� ce qu'il f�t
adopt� par tous; ce dont on peut difficilement se flatter.

D'apr�s toutes ces consid�rations, on pense qu'il seroit beau &
int�ressant de voir les Nations qui poss�dent des isles � Sucre (&
sur-tout la France l'Angleterre qui ont des terreins � leur disposition,
lesquels n'ont pas encore �t� �tablis) faire de nouveaux �tablissemens
dans des contr�es o� l'esclavage n'a point encore �t� introduit, dans
les vues de prouver aux Colons qu'il est possible de faire du Sucre &
toutes les autres denr�es coloniales, sans tenir les hommes sous le joug
arbitraire de l'esclavage.

Previous Page | Next Page


Books | Photos | Paul Mutton | Sat 20th Dec 2025, 7:30