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Page 30
La femme du pope rentra chez elle; un peu tranquillis�, je
retournai chez moi. En traversant la place, je vis plusieurs
Bachkirs qui se pressaient autour du gibet pour arracher les
bottes aux pendus. Je retins avec peine l�explosion de ma col�re,
dont je sentais toute l�inutilit�. Les brigands parcouraient la
forteresse et pillaient les maisons des officiers. On entendait
partout les cris des rebelles dans leurs orgies. Je rentrai � la
maison. Sav�liitch me rencontra sur le seuil.
�Gr�ce � Dieu, s��cria-t-il en me voyant, je croyais que les
sc�l�rats t�avaient saisi de nouveau. Ah! mon p�re Pi�tr
Andr�itch, le croiras-tu? les brigands nous ont tout pris: les
habits, le linge, les effets, la vaisselle; ils n�ont rien laiss�.
Mais qu�importe? Gr�ces soient rendues � Dieu de ce qu�ils ne
t�ont pas au moins �t� la vie! Mais as-tu reconnu, ma�tre, leur
_ataman_[47]?
-- Non, je ne l�ai pas reconnu; qui donc est-il?
-- Comment, mon petit p�re! tu as d�j� oubli� l�ivrogne qui t�a
escroqu� le _touloup_, le jour du chasse-neige, un _touloup_ de
peau de li�vre, et tout neuf. Et lui, le coquin, a rompu toutes
les coutures en l�endossant.�
Je tombai de mon haut. La ressemblance de Pougatcheff et de mon
guide �tait frappante en effet. Je finis par me persuader que
Pougatcheff et lui �taient bien le m�me homme, et je compris alors
la gr�ce qu�il m�avait faite. Je ne pus assez admirer l��trange
liaison des �v�nements. Un _touloup_ d�enfant, donn� � un
vagabond, me sauvait de la corde, et un ivrogne qui courait les
cabarets assi�geait des forteresses et �branlait l�empire.
�Ne daigneras-tu pas manger? me dit Sav�liitch qui �tait fid�le �
ses habitudes. Il n�y a rien � la maison, il est vrai; mais je
chercherai partout, et je te pr�parerai quelque chose.�
Rest� seul, je me mis � r�fl�chir. Qu�avais-je � faire? Ne pas
quitter la forteresse soumise au brigand ou bien se joindre � sa
troupe, �tait indigne d�un officier. Le devoir voulait que
j�allasse me pr�senter l� o� je pouvais encore �tre utile � ma
patrie, dans les critiques circonstances o� elle se trouvait. Mais
mon amour me conseillait avec non moins de force de rester aupr�s
de Marie Ivanovna pour �tre son protecteur et son champion.
Quoique je pr�visse un changement prochain et in�vitable dans la
marche des choses, cependant je ne pouvais me d�fendre de trembler
en me repr�sentant le danger de sa position.
Mes r�flexions furent interrompues par l�arriv�e d�un Cosaque qui
accourait m�annoncer que le grand tsar m�appelait aupr�s de lui.
�O� est-il? demandai-je en me pr�parant � ob�ir.
-- Dans la maison du commandant, r�pondit le Cosaque. Apr�s d�ner
notre p�re est all� au bain; il repose maintenant. Ah! Votre
Seigneurie, on voit bien que c�est un important personnage; il a
daign� manger � d�ner deux cochons de lait r�tis; et puis il est
mont� au plus haut du bain[48], o� il faisait si chaud que Tarass
Kourotchine lui-m�me n�a pu le supporter; il a pass� le balai �
Bikba�eff, et n�est revenu � lui qu�� force d�eau froide. Il faut
en convenir, toutes ses mani�res sont si majestueuses, ... et dans
le bain, � ce qu�on dit, il a montr� ses signes de tsar: sur l�un
des seins, un aigle � deux t�tes grand comme un _p�tak_[49]_, _et
sur l�autre, sa propre figure.�
Je ne crus pas n�cessaire de contredire le Cosaque, et je le
suivis dans la maison du commandant, t�chant de me repr�senter �
l�avance mon entrevue avec Pougatcheff, et de deviner comment elle
finirait. Le lecteur me croira facilement si je lui dis que je
n��tais pas pleinement rassur�.
Il commen�ait � faire sombre quand j�arrivai � la maison du
commandant. La potence avec ses victimes se dressait noire et
terrible; le corps de la pauvre commandante gisait encore sous le
perron, pr�s duquel deux Cosaques montaient la garde. Celui qui
m�avait amen� entra pour annoncer mon arriv�e; il revint aussit�t,
et m�introduisit dans cette chambre o�, la veille, j�avais dit
adieu � Marie Ivanovna.
Un tableau �trange s�offrit � mes regards. � une table couverte
d�une nappe, et toute charg�e de bouteilles et de verres, �tait
assis Pougatcheff, entour� d�une dizaine de chefs cosaques, en
bonnets et en chemises de couleur, �chauff�s par le vin, avec des
visages enflamm�s et des yeux �tincelants. Je ne voyais point
parmi eux les nouveaux affid�s, les tra�tres Chvabrine et
l�_ouriadnik_.
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