La fille du capitaine by Alexandre Pouchkine


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Page 3

Nous soup�mes. Zourine ne cessait de me verser � boire, disant
toujours qu�il fallait m�habituer au service. En me levant de
table, je me tenais � peine sur mes jambes. Zourine me conduisit �
ma chambre.

Sav�liitch arriva sur ces entrefaites. Il poussa un cri quand il
aper�ut les indices irr�cusables de mon z�le pour le service.

�Que t�est-il arriv�? me dit-il d�une voix lamentable. O� t�es-tu
rempli comme un sac? � mon Dieu! jamais un pareil malheur n��tait
encore arriv�.

-- Tais-toi, vieux hibou, lui r�pondis-je en b�gayant; je suis s�r
que tu es ivre. Va dormir, ... mais, avant, couche-moi.�

Le lendemain, je m��veillai avec un grand mal de t�te. Je me
rappelais confus�ment les �v�nements de la veille. Mes m�ditations
furent interrompues par Sav�liitch, qui entrait dans ma chambre
avec une tasse de th�. �Tu commences de bonne heure � t�en donner,
Pi�tr Andr�itch[11], me dit-il en branlant la t�te. Eh! de qui
tiens-tu? Il me semble que ni ton p�re ni ton grand-p�re n��taient
des ivrognes. Il n�y a pas � parler de ta m�re, elle n�a rien
daign� prendre dans sa bouche depuis sa naissance, except� du
_kvass_[12]. � qui donc la faute? au maudit _moussi�_: il t�a
appris de belles choses, ce fils de chien, et c��tait bien la
peine de faire d�un pa�en ton menin, comme si notre seigneur
n�avait pas eu assez de ses propres gens!� J�avais honte; je me
retournai et lui dis: �Va-t�en, Sav�liitch, je ne veux pas de
th�. Mais il �tait difficile de calmer Sav�liitch une fois qu�il
s��tait mis en train de sermonner. �Vois-tu, vois-tu, Pi�tr
Andr�itch, ce que c�est que de faire des folies? Tu as mal � la
t�te, tu ne veux rien prendre. Un homme qui s�enivre n�est bon �
rien. Bois un peu de saumure de concombres avec du miel, ou bien
un demi-verre d�eau-de-vie, pour te d�griser. Qu�en dis-tu?�

Dans ce moment entra un petit gar�on qui m�apportait un billet de
la part de Zourine. Je le d�pliai et lus ce qui suit:

�Cher Pi�tr Andr�itch, fais-moi le plaisir de m�envoyer, par mon
gar�on, les cent roubles que tu as perdus hier. J�ai horriblement
besoin d�argent.

Ton d�vou�,

�Ivan Zourine�

Il n�y avait rien � faire. Je donnai � mon visage une expression
d�indiff�rence, et, m�adressant � Sav�liitch, je lui commandai de
remettre cent roubles au petit gar�on.

�Comment? pourquoi? me demanda-t-il tout surpris.

-- Je les lui dois, r�pondis-je aussi froidement que possible.

-- Tu les lui dois? repartit Sav�liitch, dont l��tonnement
redoublait. Quand donc as-tu eu le temps de contracter une
pareille dette? C�est impossible. Fais ce que tu veux, seigneur,
mais je ne donnerai pas cet argent.�

Je me dis alors que si, dans ce moment d�cisif, je ne for�ais pas
ce vieillard obstin� � m�ob�ir, il me serait difficile dans la
suite d��chapper � sa tutelle. Lui jetant un regard hautain, je
lui dis: �Je suis ton ma�tre, tu es mon domestique. L�argent est �
moi; je l�ai perdu parce que j�ai voulu le perdre. Je te
conseille, de ne pas faire l�esprit fort et d�ob�ir quand on te
commande.�

Mes paroles firent une impression si profonde sur Sav�liitch,
qu�il frappa des mains, et resta muet, immobile. �Que fais-tu l�
comme un pieu?� m��criai-je avec col�re. Sav�liitch se mit �
pleurer. �� mon p�re Pi�tr Andr�itch, balbutia-t-il d�une voix
tremblante, ne me fais pas mourir de douleur. O ma lumi�re,
�coute-moi, moi vieillard; �cris � ce brigand que tu n�as fait que
plaisanter, que nous n�avons jamais eu tant d�argent. Cent
roubles! Dieu de bont�!... Dis-lui que tes parents t�ont
s�v�rement d�fendu de jouer autre chose que des noisettes.

-- Te tairas-tu? lui dis-je en l�interrompant avec s�v�rit�; donne
l�argent ou je te chasse d�ici � coups de poing.� Sav�liitch me
regarda avec une profonds expression de douleur, et alla chercher
mon argent. J�avais piti� du pauvre vieillard; mais je voulais
m��manciper et prouver que je n��tais pas un enfant. Zourine eut
ses cent roubles. Sav�liitch s�empressa de me faire quitter la
maudite auberge; il entra en m�annon�ant que les chevaux �taient
attel�s. Je partis de Simbirsk avec une conscience inqui�te et des
remords silencieux, sans prendre cong� de mon ma�tre et sans
penser que je dusse le revoir jamais.

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Books | Photos | Paul Mutton | Thu 9th Jan 2025, 2:43