La fille du capitaine by Alexandre Pouchkine


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Page 22

�Vois-tu bien, ma petite m�re, les femmes du pays se sont mis en
t�te d�allumer du feu avec de la paille: et comme cela peut �tre
cause d�un malheur, j�ai rassembl� mes officiers et je leur ai
donn� l�ordre de veiller � ce que les femmes ne fassent pas de feu
avec de la paille, mais bien avec des fagots et des broussailles.

-- Et qu�avais-tu besoin d�enfermer Palachka? lui demanda sa
femme; pourquoi la pauvre fille est-elle rest�e dans la cuisine
jusqu�� notre retour?�

Ivan Kouzmitch ne s��tait pas pr�par� � une semblable question: il
balbutia quelques mots incoh�rents. Vassilissa I�gorovna s�aper�ut
aussit�t de la perfidie de son mari; mais, s�re qu�elle
n�obtiendrait rien de lui pour le moment, elle cessa ses questions
et parla des concombres sal�s d�Akoulina Pamphilovna savait
pr�parer d�une fa�on sup�rieure. De toute la nuit, Vassilissa
I�gorovna ne put fermer l�oeil, n�imaginant pas ce que son mari
avait en t�te qu�elle ne p�t savoir.

Le lendemain, au retour de la messe, elle aper�ut Ivan Ignatiitch
occup� � �ter du canon des guenilles, de petites pierres, des
morceaux de bois, des osselets et toutes sortes d�ordures que les
petits gar�ons y avaient fourr�es. �Que peuvent signifier ces
pr�paratifs guerriers? pensa la femme du commandant. Est-ce qu�on
craindrait une attaque de la part des Kirghises? mais serait-il
possible qu�Ivan Kouzmitch me cach�t une pareille mis�re?� Elle
appela Ivan Ignatiitch avec la ferme r�solution de savoir de lui
le secret qui tourmentait sa curiosit� de femme.

Vassilissa I�gorovna d�buta par lui faire quelques remarques sur
des objets de m�nage, comme un juge qui commence un interrogatoire
par des questions �trang�res � l�affaire pour rassurer et endormir
la prudence de l�accus�. Puis, apr�s un silence de quelques
instants, elle poussa un profond soupir, et dit en hochant la
t�te:

�Oh! mon Dieu, Seigneur! voyez quelle nouvelle! Qu�adviendra-t-il
de tout cela?

-- Eh! ma petite m�re, r�pondit Ivan Ignatiitch, le Seigneur est
mis�ricordieux; nous avons assez de soldats, beaucoup de poudre;
j�ai nettoy� le canon. Peut-�tre bien repousserons-nous ce
Pougatcheff. Si Dieu ne nous abandonne, le loup ne mangera
personne ici.

-- Et quel homme est-ce que ce Pougatcheff?� demanda la femme du
commandant.

Ivan Ignatiitch vit bien qu�il avait trop parl�, et se mordit la
langue. Mais il �tait trop tard, Vassilissa I�gorovna le
contraignit � lui tout raconter, apr�s avoir engag� sa parole
qu�elle ne dirait rien � personne.

Elle tint sa promesse, et, en effet, ne dit rien � personne, si ce
n�est � la femme du pope, et cela par l�unique raison que la vache
de cette bonne dame, �tant encore dans la steppe, pouvait �tre
enlev�e par les brigands.

Bient�t tout le monde parla de Pougatcheff. Les bruits qui
couraient sur son compte �taient fort divers. Le commandant envoya
l�_ouriadnik_ avec mission de bien s�enqu�rir de tout dans les
villages voisins. L�_ouriadnik_ revint apr�s une absence de deux
jours, et d�clara qu�il avait dans la steppe, � soixante verstes
de la forteresse, une grande quantit� de feux, et qu�il avait ou�
dire aux Bachkirs qu�une force innombrable s�avan�ait. Il ne
pouvait rien dire de plus pr�cis, ayant craint de s�aventurer
davantage.

On commen�a bient�t � remarquer une grande agitation parmi les
Cosaques de la garnison. Dans toutes les rues, ils s�assemblaient
par petits groupes, parlaient entre eux � voix basse, et se
dispersaient d�s qu�ils apercevaient un dragon ou tout autre
soldat russe. On les fit espionner: Ioula�, Kalmouk baptis�, fit
au commandant une r�v�lation tr�s grave. Selon lui, l�_ouriadnik_
aurait fait de faux rapports; � son retour, le perfide Cosaque
aurait dit � ses camarades qu�il s��tait avanc� jusque chez les
r�volt�s, qu�il avait �t� pr�sent� � leur chef, et que ce chef,
lui ayant donn� sa main � baiser, s��tait longuement entretenu
avec lui. Le commandant fit aussit�t mettre l�_ouriadnik_ aux
arr�ts, et d�signa Ioula� pour le remplacer. Ce changement fut
accueilli par les Cosaques avec un m�contentement visible. Ils
murmuraient � haute voix, et Ivan Ignatiitch, l�ex�cuteur de
l�ordre du commandant, les entendit, de ses propres oreilles, dire
assez clairement:

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 22nd Dec 2025, 3:14