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Page 36
CHAPITRE XIV
LA TYROLIENNE
Le lendemain, le temps s'annon�a si engageant et si beau que les
voyageurs r�solurent de faire une longue excursion. Ne songeant
nullement � la chasse ce jour-l�, ils ne se munirent que d'�normes
ombrelles pour se pr�server du soleil, devenu br�lant. Polyph�me s'en
servit sur-le-champ. Phil�as pla�a la sienne sur son dos et l'attacha en
travers de son havre-sac.
La promenade fut longue et pittoresque; les sentiers que parcouraient
les deux voyageurs, escort�s de Sagababa, conduisaient � des sites plus
beaux les uns que les autres. Tant�t ils dominaient un village charmant;
tant�t ils c�toyaient un lac superbe, puis ils longeaient la lisi�re
d'un bois sombre et touffu. Phil�as �tait ravi; il ne tarissait pas
en �loges, en exclamations. Sagababa, quoique charg� des provisions,
bondissait �comme un chameau�, disait Phil�as au grand amusement de
Polyph�me. Ce dernier s'�panouissait devant la verve grotesque de son
gros ami. Arriv�s sur un plateau, c�l�bre par la vue d'un vallon bois�
qui s'�tendait � perte de vue, il y eut une contestation. Phil�as,
fatigu�, voulait aller par les bois et descendre directement vers le
point de r�union d�j� fix�.
[Illustration 30.png]
Sagababa, alt�r�, �tait all� s'y installer d'avance, pr�c�dant �ma�tre �
moi� pour pr�parer force rafra�chissements. Polyph�me pr�f�rait suivre
la route battue, qui lui offrait l'attrait d'un bon chemin et de
superbes points de vue, chers � son oeil d'artiste. Impatient� des
objections de Phil�as, il crut le d�tourner de son projet en lui
d�signant un sentier qui aboutissait (il le savait, pour l'avoir
parcouru quelques jours auparavant) � une prairie entour�e par de fortes
palissades et par une haie gigantesque. Il suivit alors avec un int�r�t
malicieux la course pittoresque du gros Saindoux.
Charg� de son havre-sac, essouffl�, rouge, tr�buchant et grognant,
Phil�as descendit la colline � travers les grands arbres qui
raccrochaient sans cesse dans sa route. Tant�t c'�tait une branche qui
retenait sa casquette; tant�t c'�tait une racine o� s'emp�traient ses
pieds. Il n'avait plus qu'une pens�e: arriver; qu'une id�e fixe, se
d�salt�rer bien � son aise; aussi d�gringolait-il avec une opini�tret�
qui se m�langeait de col�re � chaque nouvel obstacle entravant sa
marche. Il finit par �tre fi�vreux, surexit� et donna t�te baiss�e dans
tout ce qui lui semblait devoir s'opposer � sa descente furieuse.
Quant � Polyph�me, il avait rejoint Sagababa. Ce dernier s'�tait
install� dans un renfoncement de la vall�e; la prairie cl�tur�e le
s�parait de Phil�as et dominait le campement choisi.
Le petit n�gre avait tout pr�par� pour le lunch. La gourmandise aidant,
il go�tait � tout, sous pr�texte de constater si tout �tait digne de
�ma�tre � moi�. Polyph�me ne pr�tait qu'une m�diocre attention aux
manoeuvres de Sagababa; il �tait vivement int�ress� par les tribulations
de Saindoux qu'il apercevait franchissant obstacles et haies. Une br�che
habilement faite avait permis � Phil�as de se glisser dans la prairie.
Mais le gros touriste reconnut alors avec d�pit qu'il �tait enferm�
comme dans une sourici�re. Aucune issue ne se pr�sentait � ses regards
d�sesp�r�s. La prairie seule touchait � la vall�e. A gauche et � droite
les escarpements �taient gigantesques. Pour comble de malheur, il
entendait rire Polyph�me et apercevait la t�te de Sagababa qui savourait
de temps en temps le caf� de �ma�tre � moi�.
--Tueur, s'�cria le pauvre Saindoux, avec un accent de d�tresse, comment
pourrai-je me tirer de l�?
POLYPH�ME, _d'un ton compatissant_.--Retournez sur vos pas, mon bon;
une petite demi-lieue pour regrimper, une petite demi-lieue pour me
rejoindre, ce n'est pas grand'chose pour vous.
PHIL�AS.--Merci! j'en ai assez des petites demi-lieues, surtout dans le
genre de celle que je viens de faire. Tant pis! je vais escalader par
ici.
Et Saindoux se mit � grimper sur un �norme ch�ne dont les branches lui
faisaient esp�rer une descente possible. Mais il avait oubli� qu'il
avait sa grande ombrelle, toujours attach�e au havre-sac. Il glissa tout
� coup et se trouva suspendu dans le vide, gigottant et ahuri. Dans sa
d�tresse, il poussa trois cris formidables sur trois tons diff�rents.
Polyph�me s'en amusait de tout coeur.
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