La mort de César by Voltaire


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Page 17

Eh bien!

BRUTUS.

Tu vois la terre encha�n� � ton char;
Romps nos fers, sois Romain, renonce au diad�me.

C�SAR.

Ah! que proposes-tu?

BRUTUS.

Ce qu'� fait Sylla m�me.
Long-tems, dans notre sang Sylla s'�tait noy�,
Il rendit Rome libre, et tout fut oubli�.
Cet assassin illustre entour� de victimes,
En descendant du tr�ne, effa�a tous ses crimes.
Tu n'eus point ses fureurs, ose avoir ses vertus;
Ton coeur sut pardonner, C�sar, fais encore plus.
M�rite qu'un grand peuple � son tour te pardonne;
Et que du seul laurier ta t�te se couronne.
Alors plus qu'� ton rang nos coeurs seront soumis;
Alors tu sais r�gner, alors je suis ton fils.
Quoi! je te parle en vain?

C�SAR.

Rome demande un ma�tre.
Un jour � tes d�pens tu l'apprendras peut-�tre.
Tu vois nos citoyens plus puissans que des rois:
Nos moeurs changent, Brutus, il faut changer nos loix.
La libert� n'est plus que le droit de se nuire;
Rome qui d�truit tout semble enfin tout d�truire:
Ce colosse effrayant dont le monde est foul�,
En pressant l'univers est lui-m�me �branl�.
Il penche vers sa ch�te, et contre la temp�te
Il demande mon bras pour soutenir sa t�te;
Enfin, depuis Sylla, nos antiques vertus,
Les loix, Rome et l'�tat sont des noms superflus.
Dans nos tems corrompus, pleins de guerres civiles,
Tu parles comme au tems des D�ces, des Emiles;
Caton t'a trop s�duit, mon cher fils, je pr�vois
Que ta triste vertu perdra l'�tat et toi.
Fais c�der, si tu peux, ta raison d�tromp�e,
Au vainqueur de Caton, au vainqueur de Pomp�e,
A ton p�re qui t'aime, et qui plaint ton erreur.
Sois mon fils en effet, Brutus, rends-moi ton coeur;
Prends d'autres sentimens, ma bont� t'en conjure;
Ne force point ton �me � vaincre la nature,
Tu ne me r�ponds rien; tu d�tournes les yeux?

BRUTUS.

Je ne me connais plus. Tonnez sur moi, grands dieux!
C�sar......

C�SAR.

Quoi! tu t'�meus? ton �me est amollie?
Ah! mon fils!

BRUTUS.

Sais-tu bien qu'il y va de ta vie?
Sais-tu que le S�nat n'a point de vrai Romain
Qui n'aspire en secret � te percer le sein?
_Il se jette � ses genoux._
Que le salut de Rome, et que le tien te touche,
Ton g�nie alarm� te parle par ma bouche;
Il me pousse, il me presse, il me jette � tes pieds.
Au nom de tes devoirs dans ton coeur oubli�s,
Au nom de tes vertus, de Rome et de toi-m�me,
Dirai-je, au nom d'un fils qui fr�mit et qui t'aime,
Qui te pr�f�re au monde, et Rome seule � toi,
Ne me rebute pas.

C�SAR.

Malheureux, laisse-moi.
Que me veux-tu?

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 15th Dec 2025, 0:39