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Page 15
Parle.
CASSIUS.
Si tu n'�tais qu'un citoyen vulgaire,
Je te dirais: va, sers, sois tyran sous ton p�re;
�crase cet �tat que tu dois soutenir;
Rome aura d�sormais deux tra�tres � punir:
Mais je parle � Brutus, � ce puissant g�nie,
A ce h�ros arm� contre la tyrannie,
Dont le coeur inflexible, au bien d�termin�,
�pura tout le sang que C�sar t'a donn�.
�coute. Tu connais avec quelle furie
Jadis Catilina mena�a sa patrie.
BRUTUS.
Oui.
CASSIUS.
Si le m�me jour que ce grand criminel
D�t � la libert� porter le coup mortel;
Si, lorsque le S�nat e�t condamn� ce tra�tre,
Catilina pour fils t'e�t voulu reconna�tre;
Entre ce monstre et nous forc� de d�cider,
Parle, qu'aurais-tu fait?
BRUTUS.
Peux-tu le demander?
Penses-tu qu'un instant ma vertu d�mentie,
E�t mis dans la balance un homme et la patrie?
CASSIUS.
Brutus, par ce seul mot ton devoir est dict�;
C'est l'arr�t du S�nat, Rome est en s�ret�.
Mais, dis, sens-tu ce trouble et ce secret murmure,
Qu'un pr�jug� vulgaire impute � la nature?
Un seul mot de C�sar a-t-il �teint dans toi
L'amour de ton pays, ton devoir et ta foi?
En disant ce secret, ou faux, ou v�ritable,
En t'avouant pour fils, en est-il moins coupable?
En es-tu moins Brutus? en es-tu moins Romain?
Nous dois-tu moins ta vie, et ton coeur et ta main?
Toi, son fils! Rome enfin n'est-elle plus ta m�re?
Chacun des conjur�s n'est-il donc plus ton fr�re?
N� dans nos murs sacr�s, nourri par Scipion,
�l�ve de Pomp�e, adopt� par Caton,
Ami de Cassius, que veux-tu davantage?
Ces titres sont sacr�s, tout autre les outrage.
Qu'importe qu'un tyran, vil esclave d'amour,
Ait s�duit Servilie, et t'ait donn� le jour?
Laisse-l� les erreurs et l'hymen de ta m�re;
Caton forma tes moeurs, Caton seul est ton p�re:
Tu lui dois ta vertu, ton �me est toute � lui,
Brise l'indigne noeud que l'on t'offre aujourd'hui.
Qu'� nos sermens communs ta fermet� r�ponde,
Et tu n'as de parens que les vengeurs du monde.
BRUTUS.
Et vous, braves amis, parlez, que pensez-vous?
CIMBER.
Jugez de nous par lui, jugez de lui par nous.
D'un autre sentiment si nous �tions capables,
Rome n'aurait point eu des enfans plus coupables.
Mais � d'autres qu'� toi pourquoi t'en rapporter?
C'est ton coeur, c'est Brutus qu'il te faut consulter?
BRUTUS.
Eh bien! � vos regards mon �me est d�voil�e,
Lisez-y les horreurs dont elle est accabl�e.
Je ne vous c�le, rien, ce coeur s'est �branl�,
De mes sto�ques yeux des larmes ont coul�.
Apr�s l'affreux serment que vous m'avez vu faire,
Pr�t � servir l'�tat, mais � tuer mon p�re,
Pleurant d'�tre son fils, honteux de ses bienfaits.
Admirant ses vertus, condamnant ses forfaits,
Voyant en lui mon p�re, un coupable, un grand homme,
Entra�n� par C�sar, et retenu par Rome,
D'horreur et de piti� mes esprits d�chir�s
Ont souhait� la mort que vous lui pr�parez.
Je vous dirai bien plus, sachez que je l'estime:
Son grand coeur me s�duit au sein m�me du crime;
Et si sur les Romains quelqu'un pouvait r�gner,
Il est le seul tyran que l'on d�t �pargner.
Ne vous alarmez point: ce nom que je d�teste,
Ce nom seul de tyran l'emporte sur le reste.
Le S�nat, Rome et vous, vous avez tous ma foi:
Le bien du monde entier me parle contre un roi.
J'ambrasse avec horreur une vertu cruelle,
J'en frissonne � vos yeux; mais je vous suis fid�le.
C�sar me va parler: que ne puis-je aujourd'hui
L'attendrir, le changer, sauver l'�tat et lui!
Veuillent les immortels, s'expliquant par ma bouche,
Pr�ter � mon organe un pouvoir qui le touche!
Mais si je n'obtiens rien de cet ambitieux,
Levez le bras, frappez, je d�tourne les yeux.
Je ne trahirai point mon pays et mon p�re;
Que l'on aprouve ou non ma fermet� s�v�re.
Qu'� l'univers surpris cette grande action
Soit un objet d'horreur ou d'admiration:
Mon esprit peu jaloux de vivre en la m�moire,
Ne consid�re point le reproche ou la gloire;
Toujours ind�pendant, et toujours citoyen,
Mon devoir me suffit, tout le reste n'est rien.
Allez, ne songez plus qu'� sortir d'esclavage.
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