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Page 4
[Note 5: C'est � peu pr�s comme si les �trangers, au lieu de nous
confirmer notre glorieux nom de _Francs_, s'obstinaient � nous appeler
_Celtes_. Les Boiens furent expuls�s de la contr�e � laquelle ils ont
laiss� le nom de Boh�me 500 ans avant notre �re, et les Tch�ques sont
une toute autre race.]
[Note 6: Cette tradition du paysan-roi se retrouve chez tous les
peuples slave.]
[Note 7: On sait que dans un de ses drames � �poques incertaines il
fait aborder sur un navire un de ses personnages en Boh�me. Ce pouvait
�tre la port de Naon qu'acheta le roi Ottokar, et qui posa fastueusement
la limite de son empire au rivage de l'Adriatique.]
Charles IV ch�rissait tendrement cependant cette Universit�, sa noble
fille. Il y prenait tant de plaisir aux discussions savantes, que
lorsqu'on venait l'interrompre pour l'avertir de manger, il r�pondait,
en montrant ses docteurs �chauff�s � la dispute: �C'est ici mon souper;
je n'ai pas d'autre faim.� Malgr� cette sollicitude paternelle pour
l'�ducation des Boh�miens, ceux-ci ne l'aim�rent jamais et lui
reproch�rent de trop s'occuper des int�r�ts de sa famille. Le reproche
fut peut-�tre injuste; mais cette famille avait le tort impardonnable
d'�tre �trang�re: on le lui fit bien voir.
Sous Wenceslas l'ivrogne, fils de Charles IV, l'Universit� de Prague,
forte de sa propre vie, grandit, se d�veloppa, acquit une immense
popularit�, et produisit Jean Huss, qu'elle envoya, comme le plus beau
fleuron de sa couronne, au concile de Constance. Les p�res du concile
ne lui renvoy�rent m�me pas ses cendres. L'Universit� fit faire �
la Boh�me, dont elle �tait devenue la t�te et le coeur, le serment
d'Annibal contre Rome.
Il ne faudrait pas croire cependant que la conversion de ce peuple
guerrier en un peuple raisonneur et th�ologien f�t l'affaire de quelques
ann�es et l'oeuvre enti�re de l'Universit�. Les choses ne se passent pas
ainsi dans la vie des nations. Permis aux p�res des conciles de dire,
dans le style du temps, que le royaume de Boh�me, jusque-l� fid�lement
attach� � la religion, �tait devenu tout d'un coup l'_�gout de toutes
les sectes_. Il y avait bien longtemps, au contraire, que la Boh�me
tournait � l'h�r�sie, et que le monde civilis� tout entier, _infect� de
ce poison_, lui en infiltrait tout doucement le venin.
Si j'�crivais cette histoire pour les hommes graves (comme on dit
de tant d'hommes en ce temps-ci o� il y a si peu de gravit�), je ne
pourrais faire moins que de tracer maintenant l'histoire de l'h�r�sie.
Il me faudrait, pour remonter � son berceau, remonter � celui de
l'�glise; ce serait un plus long et un peu lourd. Rassurez-vous,
Mesdames, c'est pour vous que j'�cris, et ce que j'ai lu de tout cela,
je vous le r�sumerai en peu de mots, d'autant plus qu'� cet �gard
l'_histoire n'existe pas; l'histoire n'est pas faite_. Rien de plus
obscur et de plus embrouill� que la certitude de certains faits dans le
pass�. Peut-�tre faudrait-il s'occuper un peu de chercher celle du fait
id�al; si l'on songeait bien aux causes morales des �v�nements, on
d�terminerait peut-�tre d'une mani�re plus satisfaisante la marche de
ces �v�nements; si l'on mettait un peu plus de sentiment dans l'�tude
de l'histoire, je crois qu'on devinerait beaucoup de choses qu'avec la
seule �rudition il sera peut-�tre � jamais impossible d'affirmer.
_Deviner l'histoire_ de la pens�e humaine, voil� en effet � quoi nous
sommes r�duits en ce temps de scepticisme, apr�s tant de si�cles
d'hypocrisie. Que dis-je? l'hypocrisie et le scepticisme sont de tous
les temps, et presque toujours l'histoire, surtout l'histoire des
religions, a �t� �crite sous l'une ou l'autre inspiration. L'�glise a
�crit l'histoire, c'est elle qui l'a le plus et le mieux �crite dans
le pass�: l'�glise a �t� forc�e de l'�crire selon ses int�r�ts,
ses ressentiments et ses terreurs. Les souverains ont fait �crire
l'histoire, et les souverains ont fait comme l'�glise. Comme le pouvoir
spirituel et le pouvoir temporel ont �t� aux prises �ternellement, voil�
d�j� de grandes contradictions entre les historiens des deux camps. Puis
les philosophes et les h�r�tiques ont �crit l'histoire: ressentiment et
amertume contre les pouvoirs oppresseurs, crainte et jalousie entre les
diverses sectes et les diverses philosophies, ignorance et pr�cipitation
de jugement, voil� ce qu'on trouve chez la plupart de ces historiens.
Nouvelles contradictions! o� est donc la v�rit� de l'histoire au milieu
de ce conflit? L'histoire n'existe pas, je vous le jure; que les p�dants
en pensent ce qu'ils veulent!
Mais comme la Providence ne fait rien d'inutile, l'humanit�, sur
laquelle et par laquelle agit chez nous la Providence, ne fait rien
d'inutile non plus. Le pass� a entass� devant nous des montagnes de
mat�riaux, l'avenir en profitera. Le pr�sent s'en effraie et y porte
une main timide. Mais vienne le r�veil des grands sentiments, vienne un
si�cle des lumi�res qui ne sera ni celui de L�on X ni celui de Louis
XIV, mais celui de la justice et de la droiture, l'histoire se fera, et
nos petits-enfants en auront enfin une id�e nette et bienfaisante.
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