Jean Ziska by George Sand


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Page 3

[Note 3: Henri Martin.]

[Note 4: Mort en 1378.]

Wenceslas s'�tait rendu odieux d�s le principe par ses moeurs brutales
et son inaction. En 1384, quelques seigneurs s'�tant d�clar�s
ouvertement contre lui, il appela des consuls allemands, � l'exclusion
de ceux du pays, pour maintenir ses sujets dans l'ob�issance, et fit
p�rir les m�contents sur la place publique. La fi�re nation boh�me ne
put souffrir cet outrage, et ne lui pardonna jamais d'avoir appel� des
�trangers � son aide pour d�cimer sa noblesse. Ce fut le principal
pr�texte all�gu� dans le soul�vement qui �clata par la suite, et o� Jean
Huss, au nom de l'Universit� de Prague, eut beaucoup de part. On lui
reprocha encore am�rement le meurtre de Jean de N�pomuck, ce v�n�rable
docteur, qu'il avait fait jeter dans la Moldaw pour n'avoir pas voulu
lui r�v�ler la confession de sa femme. Enfin la mort de cette pieuse
et douce Jeanne fut imput�e � ses mauvais traitements. Tour � tour
spoliateur des biens de son clerg� et pers�cuteur des h�r�tiques, accus�
par les orthodoxes d'avoir laiss� couver et �clore l'h�r�sie hussite,
par les r�formateurs d'avoir abandonn� Jean Huss aux fureurs du concile
et maltrait� ses disciples, il ne trouva de sympathie nulle part, parce
qu'il n'avait jamais �prouv� de sympathie pour personne. Sigismond aida
les m�contents � lui faire un mauvais parti, et un beau matin, en 1393,
l'empereur Wenceslas fut mis aux arr�ts dans la maison de ville, ni plus
ni moins qu'un ivrogne ramass� par la patrouille. Il s'en �chappa tout
nu dans un bateau, o� une femme du peuple le recueillit, � telles
enseignes qu'il en fit, dit-on, sa femme. Cependant Sigismond, levant le
masque, fondait sur la Boh�me. Les Boh�miens relev�rent leur fant�me de
roi pour tenir l'usurpateur en respect et le repousser. Wenceslas n'en
fut pas plus sage, et se mit en besogne de vendre son royaume pour
boire. Il commen�a par la Lombardie, qui �tait un fief de l'Empire et
qu'il donna � Jean Gal�as Visconti pour 150,000 �cus d'or. Il avait
d�j� perdu les villes, forts et ch�teaux de la Bavi�re, que Rupert,
l'�lecteur palatin, lui avait enlev�s; si bien que, traduit au ban de
l'Empire, d�clar� relaps, ha� des siens, m�pris� de tous, d�pos� le
lendemain de son nouveau mariage avec Sophie de Bavi�re, il se trouva,
en 1400, r�duit � sa petite Boh�me. Pour un prince juste, aim� de son
peuple, c'e�t �t� pourtant une forteresse inexpugnable. La division et
le morcellement des plus grandes puissances spirituelles et temporelles
prouvait bien alors qu'il n'y avait plus de force que dans le sentiment
national de quelques races chevaleresques. Mais Wenceslas ne savait et
ne pouvait s'appuyer sur rien. En 1401, �revenu � son mauvais naturel,�
il fut pris par les grands et enferm� dans la tour noire du palais de
Prague. Transf�r� dans diverses forteresses, il alla passer un an en
captivit� � Vienne, d'o� il s'�chappa encore dans un bateau. La Boh�me
l'accueillit encore, parce que Sigismond d�solait le pays avec une arm�e
de Hongrois. �Ils y firent des d�sordres inexprimables, tuant et violant
partout o� ils passaient. Ils enlevaient, sur leurs selles, de jeunes
gar�ons et de jeunes filles, et les vendaient _comme des chevreuils_.
Sigismond ne se montra pas moins cruel que ses gens; ne pouvant venir �
bout de prendre un fort qu'il avait assi�g�, il en tira sous de belles
promesses, le jeune Procope, marquis de Moravie, prince du sang, et le
fit attacher � une machine de guerre qui �tait devant la muraille, afin
que les assi�g�s fussent contraints de tuer leur ma�tre � coups de
fl�ches.� Cet infortun� ayant surv�cu � ses blessures, Sigismond le fit
conduire � Brauna et l'y laissa mourir de faim.

Wenceslas n'eut qu'� se montrer aux intr�pides Boh�miens pour que
Sigismond f�t repouss�; mais plusieurs des principales places fortes de
la Boh�me rest�rent entre ses mains, et l'on peut dire que jusqu'�
la guerre des Hussites, cette nation gouvern�e par un fant�me, et
surveill�e par un ennemi int�rieur, fit l'apprentissage du gouvernement
r�publicain qu'elle r�vait depuis longtemps et qu'elle allait essayer de
mettre en pratique. Pendant cette sorte d'interr�gne, qui dura encore
une quinzaine d'ann�es, si l'anarchie gagna les institutions et paralysa
les moyens de d�veloppement mat�riel, il se fit en revanche un grand
travail de recomposition dans les id�es religieuses et sociales.
L'esprit r�formateur, qui, sous divers noms et sous diverses formes,
fermentait en France, en Hollande, en Angleterre, en Italie et en
Allemagne depuis plusieurs si�cles, commen�a � asseoir son si�ge en
Boh�me, et � pr�parer ces grandes luttes que h�taient l'�tablissement
et l'exercice de l'inquisition. Quelques souvenirs historiques sont
indispensables ici pour faire comprendre la courte mission de Jean Huss
(de 1407 � 1415), l'influence prodigieuse que dans l'espace de ces sept
ann�es il exer�a sur son pays, enfin le retentissement inou� de son
martyre, que les quatorze sanglantes ann�es de la guerre hussite firent
si cruellement expier au parti catholique.

La race slave des Tch�ques, que nous appelons � tort les Boh�miens[5],
avait conserv� ces institutions sorties de son propre esprit, et
n'avait subi aucun joug �tranger depuis le temps de sa reine Libussa,
jusqu'apr�s celui de Wenceslas V, au commencement du quatorzi�me si�cle.
La dynastie des Przemysl ducs de Boh�me, avait donc dur� six si�cles.
Le premier des Przemysl, tige de cette race illustre, fut, dit-on, un
simple laboureur, que la reine Libussa tira de la charrue (comme Rome
en avait tir� Cincinnatus), pour en faire son �poux et le chef de son
peuple. La l�gende na�ve et touchante de l'antique Boh�me rapporte
qu'elle lui fit conserver ses gros souliers de paysan, et qu'il les
l�gua au fils qui lui succ�dait, afin qu'il n'oubli�t point sa rustique
origine et les devoirs qu'elle lui imposait[6]. Wladislas II fut le
second de ses descendants qui porta le titre de roi. Ce titre lui fut
conf�r� par Fr�d�ric Barberousse. Mais il semble que ce fut pour cette
race le signal de la fatalit�. L'esprit conqu�rant qui s'emparait des
souverains de la Boh�me devait, suivant la loi �ternelle, d�truire la
nationalit� de leur domination. Przemysl-Ottokar II poss�da, avec la
Boh�me, l'Autriche, la Carniole, l'Istrie, la Styrie, une partie de la
Carinthie, et jusqu'� un port de mer, ce qui, pour le dire en passant,
pourrait bien purger la m�moire de Shakspeare d'une grosse faute de
g�ographie[7]. Il fit la guerre aux pa�ens de Prusse, leur dicta des
lois, b�tit Koenigsberg, prit sous sa protection V�rone, Feltre et
Tr�vise, et refusa par exc�s d'orgueil, dit-on, plus que par modestie,
la couronne imp�riale, qui �chut � Rodolphe de Habsbourg, lequel le
d�pouilla d'une partie de ses domaines. Apr�s lui, Wenceslas IV fut �lu
roi de Pologne. Wenceslas V, qui r�unit la Hongrie � ces possessions, se
perdit dans la d�bauche, fut assassin� � Olmutz et termina la dynastie
nationale. Cinq ans apr�s, Jean de Luxembourg montait sur le tr�ne de
Boh�me, et l'influence allemande commen�ait � irriter les Boh�miens,
livr�s pour la premi�re fois depuis tant de si�cles � une main
�trang�re. Jean, politique habile et ambitieux, comprit son r�le,
renvoya les fonctionnaires allemands et promena sa noblesse dans des
guerres � l'�tranger. Il finit par se promener lui-m�me hors de la
contr�e, sous pr�texte de maladie, mais en effet pour laisser aux
Boh�miens le temps de s'habituer sans trop d'amertume � sa domination.
Il fit plusieurs voyages en France, fr�quenta les papes d'Avignon, et
tout en respirant l'air salubre de ces contr�es, revint un beau jour,
rapportant de par un d�cret de l'autorit� pontificale, la couronne
imp�riale � son fils. Ce fils fut Charles IV, premier roi de Boh�me,
empereur. Ses grands travaux donn�rent � cette contr�e un lustre qu'elle
n'avait pas encore eu. Il b�tit la nouvelle ville de Prague, composa
le code des lois, fonda le coll�ge de Carlstein, et tenta de r�unir
la Moldaw au Danube. Mais son plus grand oeuvre fut la fondation de
l'Universit� de Prague � l'instar de celle de Paris, o� il avait �tudi�.
Ce corps savant devint rapidement illustre et enfanta Jean Huss, J�r�me
de Prague et plusieurs autres hommes sup�rieurs; c'est-�-dire qu'il
enfanta le hussitisme, un id�al de r�publique qui devait bient�t faire
une rude guerre � la post�rit� de son fondateur.

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Books | Photos | Paul Mutton | Fri 24th Jan 2025, 20:11