Cham et Japhet, ou De l'émigration des nègres chez les blancs considérée comme moyen providentie


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[Note 2: Eug�ne Pelletan.]

Les autres, arriv�s au pouvoir en 1848, se sont trop h�t�s de mettre en
application ce mot de leurs devanciers de 93: �P�rissent les colonies
plut�t qu'un principe!�

De tous les gouvernements de l'Europe enfin, pas un, si ce n'est celui
de la France, n'a fait autre chose que de donner satisfaction aux
vues �troites des philanthropes, sans b�n�fice aucun, m�me pour la
philanthropie.

Que si tant d'esprits sup�rieurs cependant ont cherch� sans le trouver
le sens de la fatale �nigme, ne serait-ce point que tous ont tent�
d'expliquer par des consid�rations de politique, d'�conomie agricole,
de n�cessit� sociale, ce fait �trange d'hommes pass�s � l'�tat de
marchandise, d'hommes propri�t� d'autres hommes, et que pas un ne l'a
consid�r� comme une loi providentielle? De l� sans doute, et faute d'en
avoir connu la cause, l'inertie des diff�rents syst�mes exp�riment�s
pour en faire cesser l'effet.

Dans l'antiquit� l'esclavage �tait une cons�quence de la guerre, et
la guerre une n�cessit� d'ordre divin. Chaque victoire donnait des
esclaves; on les appelait _servi_, ce qui veut dire _pr�serv�s_:
c'�taient autant d'ennemis de moins � vaincre dans la lutte prochaine
et toujours renaissante,--mais dont le terme �tait fix�,--et que ces
millions d'hommes eussent ind�finiment prolong�e s'ils fussent rest�s
libres.

D�s que l'oeuvre divine fut accomplie par l'agr�gation de tous les
peuples dans l'unit� romaine, ce furent autant de coeurs ouverts �
l'Evangile: l'Evangile s'adressait aux simples, aux pauvres, aux
proscrits; les esclaves �taient tout cela, ils devaient �tre les
premiers chr�tiens.

D�sormais sans raison d'�tre, l'esclavage disparut peu � peu de la
soci�t� � mesure qu'elle se faisait chr�tienne.

Cependant il restait deux vastes continents, tous deux inconnus du monde
civilis� et par cons�quent inaccessibles � la loi nouvelle, l'Afrique
et l'Am�rique;--elles furent simultan�ment d�couvertes[3]. �tait-ce de
leurs habitants que le Christ avait dit: �J'ai encore d'autres brebis
qui ne sont pas de cette bergerie, il faut que je les am�ne?�

[Note 3: Personne ne se m�prendra sur ce que j'entends ici par la
d�couverte de l'Afrique.]

Quoi qu'il en soit, l'oeuvre d'initiation des Africains ne pouvant
s'op�rer ni sous la froide latitude de l'Europe, o� ne sauraient vivre
les n�gres, ni sous la zone tropicale du Soudan, o� ne sauraient vivre
les blancs, il leur fallait un terrain neutre, interm�diaire, o� les
uns et les autres pussent s'acclimater; Dieu leur donna rendez-vous en
Am�rique, et deux courants d'�migration s'y pr�cipit�rent aussit�t, l'un
portant les initiateurs, l'autre les initi�s. Ces derniers, inertes et
casaniers de nature, n'eussent point �migr� spontan�ment, tout moyen
d'�migration leur manquant d'ailleurs: Dieu les expatria de force.--Nous
ne pouvions aller � eux, il nous les envoya, et dans la seule condition
qui p�t mettre en rapport les deux races.

Cette fois encore l'esclavage �tait providentiel. Que nous en ayons
abus�, c'est une question de libre arbitre qui ne pr�vaudra point contre
Dieu.

En d'autres termes, Dieu ne livre le n�gre au blanc que pour mettre
celui-l� � l'�cole de celui-ci; s'il le livre esclave, c'est � la fois
pour que l'�l�ve soit plac� dans les conditions les plus absolues de
soumission, et pour qu'au prix de son travail il trouve un ma�tre qui
consente � lui servir d'�ducateur. Il est remarquable que l'antipathie
des deux races tend � s'att�nuer aussi longtemps que l'une est esclave
de l'autre, et qu'elle se produit au contraire dans son expansion la
plus exag�r�e, aussit�t qu'elles sont, par un fait quelconque, appel�es
� traiter d'�gale � �gale.

�Le pr�jug� de race, a dit M. de Tocqueville, me para�t plus fort dans
les �tats qui ont aboli l'esclavage que dans ceux o� il existe encore,
et nulle part il ne se montre aussi intol�rant que dans les �tats o� la
servitude a toujours �t� inconnue.�

Or, cette antipathie du ma�tre qui s'accro�t en raison du progr�s de
l'�l�ve est un enseignement non compris on trop d�daign� des desseins de
la Providence, qui ne les a point rapproch�s pour qu'� jamais ils vivent
c�te � c�te, mais pour que, l'�ducation du barbare �tant faite, il soit
repouss� d'un pays o� sa pr�sence est inutile et dangereuse, et renvoy�
dans sa terre natale, o� nul autre que lui ne peut aller porter sa
contagieuse civilisation.

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Books | Photos | Paul Mutton | Thu 28th Mar 2024, 8:34