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Page 71
LOUISE.
Mais mon fils en a quinze!
VALROGER.
Allons donc!
LOUISE.
Je n'ai pas son extrait de naissance dans ma poche, sans cela... Mais
vous voil� calm� et un peu honteux, convenez-en, de vous �tre tromp�,
vous si clairvoyant, sur l'�ge d'une femme. Vous verrez mon fils, cela
vous gu�rira tout � fait, car vous viendrez chez moi, tous les jours
si vous voulez, et sans �tre condamn� � coucher pr�alablement sous un
arbre. Vous vous enrhumerez pour d'autres, il y aura toujours de la
tisane chez moi. Vous me trouverez toujours entour�e d'�tres qui ne
me quittent jamais, mon fils, ma fille et mon neveu, le fils de cet
Augustin de Ferval � qui vous avez sauv� la vie en d�pit de lui-m�me;
plus ma m�re qui vous b�nit et prie pour vous tous les jours, plus ma
belle-soeur, la femme du m�me Augustin, qui est dans le secret, et qui
vous regarde comme un saint, tout perverti que vous passez pour �tre.
Voyez s'il y aura moyen d'entrer chez nous comme un loup dans une
bergerie! Tout ce cher monde s'est r�joui en vous sachant fix� pr�s de
nous. Notre pauvre Augustin n'est plus, il est mort l'an dernier, et
c'est son deuil que je porte; mais nous vous devons de l'avoir conserv�
six ans, de l'avoir vu heureux, mari� et p�re. Sa femme et son
enfant sont des tr�sors qu'il nous a laiss�s. Toute cette famille
reconnaissante, grands et petits, vous sautera au cou et aux jambes, et,
quand vous aurez �t� bien et d�ment embrass� sur les deux joues comme un
ami qu'on attendait depuis longtemps et � qui l'on ne sait comment faire
f�te, vous sentirez que vous �tes un homme de chair et d'os comme les
autres,--non le spectre de don Juan, le h�ros d'un autre si�cle et d'un
autre pays. Vous laisserez fondre la glace artificielle amass�e autour
de ce coeur-l�, qui est vivant et humain, puisqu'il est g�n�reux et
compatissant. Votre g�nie du mal rira de lui-m�me et vous laissera
consentir � aimer les honn�tes gens, � les prot�ger m�me, ce qui est
bien plus facile que de leur tendre des pi�ges, et bien moins triste
que de se battre les flancs pour les m�conna�tre. Vous garderez votre
science, vos ruses pour celles qui les provoquent et qui ont de quoi
mettre � ce jeu-l�. On vous pardonnera d'avoir ce go�t bizarre, vous,
honn�te homme, de perdre votre temps � contempler, � �tudier, � mesurer
la faiblesse de notre sexe, tout en excitant sa perversit�. Tenez! on
vous pardonnera tout, m�me d'�tre incorrigible. On pensera que ce m�tier
de punisseur des torts f�minins est une t�che navrante, et que vous
devez �tre un homme malheureux. On s'efforcera de vous soigner comme un
malade, ou de vous distraire comme un convalescent; si par moments vous
�tes tent� de faire la guerre � vos amis, ils se diront: c'est une
�preuve; il veut savoir si nous m�ritons l'estime qu'il nous accorde.
Alors on se tiendra de son mieux pour vous montrer qu'on y attache le
plus grand prix. Et, si on ne r�ussit pas � mettre dans votre existence
une affection pure et bienfaisante, on en aura beaucoup de chagrin, je
vous en avertis, parce que l'amiti�, qui n'est pas une chose convulsive,
n'est pas non plus une chose froide. Donc vous aurez, sans vous donner
aucune peine pour cela, un triomphe assur� chez nous, celui d'avoir
touch�, �mu, r�joui ou attrist� des �mes qui ne sont pas banales, et qui
ne se donnent pas � tout le monde.
VALROGER.
Tenez, madame de Tr�mont, je vous aime tant, telle que vous �tes, que
je me regarderais comme un sot et comme un l�che si j'avais pr�m�dit�
d'entamer cette noble et touchante s�r�nit�. Vous avez fort bien compris
que je valais mieux que cela, que d'ailleurs je n'eusse jamais os�
menacer s�rieusement une personne telle que vous; mais je cesse de rire,
et vous rends les armes. On me l'avait bien dit: vous �tes la plus
sinc�re, la plus tendre et la plus forte des femmes, et il y a longtemps
que je sais une chose, c'est que la bont� est l'arme la plus solide
de votre sexe. Toute vertu sans modestie est provocation, comme toute
r�sistance sans conviction est grimace. Je suis heureux et fier de vous
r�p�ter que je vous comprends, que je vous respecte... Et, puisque vous
m'acceptez pour fr�re, voulez-vous consacrer ce lien qui m'honore?
LOUISE.
Comment?
VALROGER.
Vous avez parl� tout � l'heure de m'embrasser sur les deux joues...
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