Cyrano de Bergerac by Edmond Rostand


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Page 24

CYRANO:
Qui j'aime�?. . .R�fl�chis, voyons. Il m'interdit
Le r�ve d'�tre aim� m�me par une laide,
Ce nez qui d'un quart d'heure en tous lieux me pr�c�de;
Alors, moi, j'aime qui�?. . .Mais cela va de soi�!
J'aime--mais c'est forc�!--la plus belle qui soit�!

LE BRET:
La plus belle�?. . .

CYRANO:
Tout simplement, qui soit au monde�!
La plus brillante, la plus fine,
(Avec accablement):
la plus blonde�!

LE BRET:
Eh�! mon Dieu, quelle est donc cette femme�?. . .

CYRANO:
Un danger
Mortel sans le vouloir, exquis sans y songer,
Un pi�ge de nature, une rose muscade
Dans laquelle l'amour se tient en embuscade�!
Qui conna�t son sourire a connu le parfait.
Elle fait de la gr�ce avec rien, elle fait
Tenir tout le divin dans un geste quelconque,
Et tu ne saurais pas, V�nus, monter en conque,
Ni toi, Diane, marcher dans les grands bois fleuris,
Comme elle monte en chaise et marche dans Paris�!. . .

LE BRET:
Sapristi�! je comprends. C'est clair�!

CYRANO:
C'est diaphane.

LE BRET:
Magdeleine Robin, ta cousine�?

CYRANO:
Oui,--Roxane.

LE BRET:
Eh bien, mais c'est au mieux�! Tu l'aimes�? Dis-le-lui�!
Tu t'es couvert de gloire � ses yeux aujourd'hui�!

CYRANO:
Regarde-moi, mon cher, et dis quelle esp�rance
Pourrait bien me laisser cette protub�rance�!
Oh�! je ne me fais pas d'illusion�!--Parbleu,
Oui, quelquefois, je m'attendris, dans le soir bleu;
J'entre en quelque jardin o� l'heure se parfume;
Avec mon pauvre grand diable de nez je hume
L'avril,--je suis des yeux, sous un rayon d'argent,
Au bras d'un cavalier, quelque femme, en songeant
Que pour marcher, � petits pas, dans de la lune,
Aussi moi j'aimerais au bras en avoir une,
Je m'exalte, j'oublie. . .et j'aper�ois soudain
L'ombre de mon profil sur le mur du jardin�!

LE BRET (�mu):
Mon ami�!. . .

CYRANO:
Mon ami, j'ai de mauvaises heures�!
De me sentir si laid, parfois, tout seul. . .

LE BRET (vivement, lui prenant la main):
Tu pleures�?

CYRANO:
Ah�! non, cela, jamais�! Non, ce serait trop laid,
Si le long de ce nez une larme coulait�!
Je ne laisserai pas, tant que j'en serai ma�tre,
La divine beaut� des larmes se commettre
Avec tant de laideur grossi�re�!. . .Vois-tu bien,
Les larmes, il n'est rien de plus sublime, rien,
Et je ne voudrais pas qu'excitant la ris�e,
Une seule, par moi, f�t ridiculis�e�!. . .

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Books | Photos | Paul Mutton | Sat 20th Dec 2025, 11:57