Cyrano de Bergerac by Edmond Rostand


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Page 39

LA DUÈGNE (ouvrant la porte du fond):
J'ai fini les gâteaux, monsieur de Bergerac !

CYRANO:
Eh bien ! lisez les vers imprimés sur le sac !
(La duègne disparaît):
. . .Ma pauvre enfant, vous qui n'aimez que beau langage,
Bel esprit,--si c'était un profane, un sauvage.

ROXANE:
Non, il a les cheveux d'un héros de d'Urfe !

CYRANO:
S'il était aussi maldisant que bien coiffé !

ROXANE:
Non, tous les mots qu'il dit sont fins, je le devine !

CYRANO:
Oui, tous les mots sont fins quand la moustache est fine.
--Mais si c'était un sot !. . .

ROXANE (frappant du pied):
Eh bien ! j'en mourrais, là !

CYRANO (après un temps):
Vous m'avez fait venir pour me dire cela ?
Je n'en sens pas très bien l'utilité, madame.

ROXANE:
Ah, c'est que quelqu'un hier m'a mis la mort dans l'âme,
Et me disant que tous, vous êtes tous Gascons
Dans votre compagnie. . .

CYRANO:
Et que nous provoquons
Tous les blancs-becs qui, par faveur, se font admettre
Parmis les purs Gascons que nous sommes, sans l'être ?
C'est ce qu'on vous a dit ?

ROXANE:
Et vous pensez si j'ai
Tremblé pour lui !

CYRANO (entre ses dents):
Non sans raison !

ROXANE:
Mais j'ai songé
Lorsque invincible et grand, hier, vous nous apparûtes,
Châtiant ce coquin, tenant tête à ces brutes,--
J'ai songé: s'il voulait, lui que tous ils craindront. . .

CYRANO:
C'est bien, je défendrai votre petit baron.

ROXANE:
Oh ! n'est-ce pas que vous allez me le défendre ?
J'ai toujours eu pour vous une amitié si tendre.

CYRANO:
Oui, oui.

ROXANE:
Vous serez son ami ?

CYRANO:
Je le serai.

ROXANE:
Et jamais il n'aura de duel ?

CYRANO:
C'est juré.

ROXANE:
Oh ! je vous aime bien. Il faut que je m'en aille.
(Elle remet vivement son masque, une dentelle sur son front, et,
distraitement):
Mais vous ne m'avez pas raconté la bataille
De cette nuit. Vraiment ce dut être inouï !. . .
--Dites-lui qu'il m'écrive.
(Elle lui envoie un petit baiser de la main):
Oh ! je vous aime !

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 21st Dec 2025, 22:53